Synastrie et comparaison de thèmes

S’il est un domaine en astrologie qui prête aux interprétations les plus insipides, y compris malheureusement parfois chez des auteurs tout à fait respectables mais trop traditionalistes, c’est bien le domaine de la synastrie, c’est à dire de l’étude des rapports entre les personnes. Cet article propose de faire la part des choses et de délivrer, au passage, quelques règles de bon sens afin de ne pas commettre de grossières erreurs en la matière.

Un constat

La synastrie à 3 sous

Tout d’abord, mais il est malheureusement utile de le rappeler, il est totalement absurde de juger de l’entente de deux personnes sur leurs seuls signes solaires à moins (et c’est très rare) que ces deux personnes aient le dit-signe très valorisé dans leurs thèmes respectifs (par amas ou parce qu’il se trouve aussi à l’ascendant par exemple). Même ainsi, il reste très réducteur et présomptueux de juger des rapports de deux personnes d’après un seul facteur.

On aura compris (et c’est probablement pour cela qu’à force de vouloir simplifier, on appauvrit) que l’art de la synastrie est long et complexe et qu’il fait intervenir l’ensemble des facteurs astrologiques d’un thème : les angles des Maisons, les planètes et même les astéroïdes et les points fictifs si on sait les manipuler.

Comparaison de thèmes astrologiques

Évidemment, plus on voudra être précis dans l’étude, plus on utilisera de facteurs. Toutefois, il apparaît comme un minimum de faire appel à toutes les planètes individuelles et à toutes les Maisons accentuées.

Méfiez-vous également d’une trop grande systématisation du type : « une planète en carré à une autre entraîne de la mésentente ». C’est, non seulement faux, (par exemple, pour Mars en carré qui est davantage génératrice de désir que de tension) mais cela empêche, de surcroît, d’affiner les rapports entre deux personnes en sous-entendant que l’entente peut être uniquement bonne ou mauvaise et qu’il n’y a pas d’entre-deux possibles.

Ceci est tout bonnement dérangeant dès lors que l’on envisage la complexité des liens humains. On peut aimer et haïr tout à la fois, on peut ne pas aimer mais respecter ou admirer, on peut aimer passionnément mais se détruire au passage, etc.… Retenons donc, qu’une synastrie ne peut tenir en quelques lignes car il s’agit d’une analyse en profondeur.

Les techniques traditionnelles

Je l’ai déjà dit par ailleurs : la tradition est une bonne chose à condition que le praticien, à un moment ou à un autre, arrive à s’en détacher, à prendre du recul par rapport à elle afin de pouvoir défricher de nouveaux terrains de recherche et considérer de façon objective et critique les techniques qu’il utilise.

Aussi, je dois dire à regret que beaucoup d’astrologues compétents finissent quand même par dire ou écrire des choses douteuses quand il s’agit de synastrie. Il y a notamment beaucoup d’à priori dans leurs déclarations, à priori qui sont simplement dus au fait qu’ils appliquent une théorie traditionnelle sans toujours la vérifier à grande échelle ou même parfois, sans en voir les failles.

De plus, les théories traditionnelles qu’ils appliquent à la synastrie sont souvent tout simplement celles couramment utilisées pour l’interprétation du thème individuel, transposé à deux thèmes distincts car la synastrie est une méthode jeune, datant du début du siècle et concomitante avec l’essor de la psychologie et de la sociologie.

S’il est donc vrai, dans le thème d’une personne, qu’un carré entre Mars et Pluton sera potentiellement source de violence, l’affirmation devient hasardeuse si Mars appartient à une personne et Pluton à une autre (s’il s’agit donc d’un inter-aspects). Pour peu que les deux sujets envisagés soient de sexe opposé ou ait une attirance sexuelle l’une envers l’autre, cet aspect de carré devient plus une source d’attraction mutuelle que de discorde.

Pour ce qui est des inter-aspects entre même planète (exemple : Soleil de A avec Soleil de B), le terrain est encore plus glissant car aucune règle traditionnelle n’évoque ce cas de figure. L’astrologue a alors le choix de supposer ou d’observer : beaucoup se décident pour la première option.

Quelques observations personnelles

Voici, pour ceux qui veulent se lancer dans la synastrie, quelques règles issues de mon expérience, règles qui ont été vérifiées sur de nombreux cas réels. Précisons que ces règles ne concernent que l’astrologie de couple.

1/Avant toute chose, comprendre l’intégralité de chaque thème, individuellement, et en tirer les dominantes. L’analyse des dominantes va, d’emblée, poser le rapport global qui existe entre les deux êtres. Il va permettre de jauger du rapport d’union : Y a-t-il un dominant et un dominé ? (Ex : un partenaire Jupiter/Mars d’un côté et l’autre Lune/Vénus) ; Existe-t-il une lutte de pouvoir ? (Ex : Deux plutoniens ou un martien et un jupitérien) ; Existe-t-il une complicité facile ? (Ex un Uranien et un Mercurien), etc.

2/Faites ensuite les comparaisons suivantes :

THÈME A

THÈME B

Soleil

Ascendant

Ascendant

Soleil

Fond de Ciel

Fond de Ciel

Maison VII

Maison VII

Vénus

Mars

Mars

Vénus

Lune

Lune

Mercure

Mercure

Lune noire

Lune Noire

Dans un premier temps, ne tenez pas compte des inter-aspects. Demandez-vous simplement, et sans idées préconçues, si une Maison VII en Taureau, par exemple, est compatible avec une Maison VII en Lion.

Maison VII en Taureau : Besoin de stabilité dans le couple, rapports paisibles visant à construire une union stable, une famille.

Maison VII en Lion : Besoin d’admirer le conjoint tout en étant souvent autoritaire avec lui, désir de construire une union traditionnelle aboutissant probablement à avoir des enfants.

On voit, par cet exemple, que ces deux conceptions du couple, quoique différentes, n’ont rien d’incompatibles pour peu que le porteur du Taureau en M VII soit quelqu’un de brillant et que le porteur du Lion en M VII quelqu’un de calme. Les deux partenaires peuvent même partager un même objectif de durabilité et de famille (il s’agit de deux signes fixes, prédisposés à l’amour familial et traditionnel).

Notons que dans beaucoup de couple, il existe une « entente croisée » entre le Soleil de l’un et l’Ascendant de l’autre et vice-versa. Ce rapport semble plus équilibré que l’entente Soleil/Soleil et Ascendant/Ascendant (qui est toutefois aussi indice d’entente).

3/Vous pouvez ensuite affiner votre étude par les inter-aspects. Retenez que les aspects de carré sont souvent utiles et enrichissants à condition qu’ils ne soient pas en surnombre. Si certains inter-aspects sont identiques à des aspects dans un des thèmes individuels, cela veut dire que la vie de couple réveillera cet aspect chez son porteur. Ainsi, si on trouve, par exemple, un inter-aspect de carré entre Mercure et la Lune dans la synastrie, et que ce même aspect est présent dans le thème de A, sa tendance naturelle à la dispersion et ses difficultés à se concentrer seront renforcées par la vie commune et l’influence du partenaire.

4/Etudier les Maisons (et surtout les amas) pour déterminer les priorités de chacun et voir si elles sont compatibles. Posez-vous ensuite des questions simples du type : un amas en M III (et en Poissons) chez A, par exemple, et un amas en M VI (et en Verseau) chez B, sont-ils compatibles ?

L’amas en M III/Poissons de A montre qu’il sera d’une nature curieuse et plutôt contemplative, qu’il aimera lire, faire des recherches et probablement avoir de long moment de solitude mais en restant baigné de connaissances et de moyens de communication (téléphone, Internet, courrier…).

L’amas en M VI/Verseau de B montre une nature laborieuse, s’auto-gérant, attirée vers la nouveauté et la technique et pouvant faire preuve d’indépendance au quotidien.

Là encore, l’astrologue peut décréter un peu rapidement que l’entente va être mauvaise du fait que les Maisons dominantes sont en carré et que les signes valorisés soient incompatibles (Air/Eau). Pourtant, dans ce cas, l’entente est tout à fait possible puisqu’on a affaire à deux personnes plutôt intellectuelles et autonomes, capables de se réunir autour de pôles d’intérêt partagés, de sujets culturels et d’outils communs.

5/La projection des Maisons (où tombe la cuspide d’une Maison dans le thème de l’autre) est aussi, assez importante mais pas déterminante. C’est surtout l’Ascendant qu’il sera intéressant de projeter. Notons au passage que l’Ascendant de l’un dans la M VIII de l’autre ou en conjonction à Pluton n’est pas un « mauvais présage » mais indique plutôt :

  • un fort désir physique
  • une capacité de transformation et d’évolution

6/ Les renseignements donnés par la VII, surtout si elle est occupée, sont toujours fort intéressants et on peut constater dans de nombreux couples « solides » que les dominantes de l’un se retrouve dans la maison VII de l’autre et vice-versa (Ainsi un natif ayant la Lune et le soleil en Gémeaux et en VII peut facilement être séduit par une personne présentant une dominante Soleil/Lune/Mercure)

Des dizaines de règles pourraient encore être exposées mais, et ce sera mon dernier conseil, ne vous enfermez pas dans des règles : privilégiez autant que ce peut l’intuition et le ressentir. L’astrologie n’a rien de mathématique ou de mécanique.

Bref, en synastrie, ne vous limitez jamais à une approches de type Causes/Effets : on se trouve ici sur le terrain complexe de l’âme humaine et des rapports de nuances.

Retenez surtout une chose essentielle : l’amour peut naître pour bien des raisons (karmique, physique, psychologique ou sentimentale) et la synastrie ne doit donc pas se borner à dire « bonne ou mauvaise entente ». Elle doit chercher en profondeur ce qui unit et désunit les gens, car deux personnes prisent au hasard, auront toujours des points communs et des points de dissensions. Et c’est là, une des plus belles leçons de l’astrologie.

Tous droits réservés Philippe REGNICOLI

Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation écrite de l’auteur

9 thoughts on “Synastrie et comparaison de thèmes

  1. Je suis ravie d’être « tombée » sur cette étude ce matin. Dans l’étude des synastries je n’avais pas pensé à tenir compte des maisons VII des partenaires. J’ai vérifié avec mon thème et celui de mon conjoint et ça correspond tout à fait à notre couple.
    Merci.

  2. Bravo et merci pour ce précieux partage.
    Cela mais conforte dans ma vision de la synastrie. J’avais moi aussi bien perçu le portentiel pour le soleil coisé avec l’ascendant.
    Par contre pour le carré mars/pluton je pense que bien que loin d’être rédhibitoire, il doit provoquer une insatisfaction sexuel, je m’explique les excès qu’il peut engendrer ne seront pas forcement accepter par l’un ou l’autre.

  3. Ca fait plaisir de lire enfin un astrologue qui englobe la « part de l’âme » dans la définition des planètes, je suis complètement d’accord sur le fait que l’astrologie doit être en perpétuelle évolution, ne pas se cantonner aux repères de base, ne pas mettre d’œillères aux possibilités!! 😀

  4. J’exulte ! 😀 Cela correspond parfaitement à mon approche optimiste de la synastrie, qui a toujours eu tendance à enjoliver ce que j’observais et notamment les positions les moins « harmonieuses ».
    Et mention spéciale pour l’interaspect AS-Soleil, j’avais jamais fait attention et je me rends compte que dans les couples qui m’entourent il est bien présent. Magique. 😆

  5. Merci Philippe pour cet article, tu viens de balayer de sacrées idées préconçues!!
    et du coup, je ne vois plus du tout certaines cartes de synastrie de la meme manière! 😐

  6. Merci…Merci…peut pas dire autre chose et plus…je suis pleine de gratitude comme toujours… 😉
    amitiés paola.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *