De l’astronomie à l’astrologie (3)

Nous avons vu dans les première partie et deuxième partie de ce dossier que l’observation et la connaissance astronomique des luminaires et des planètes traditionnelles (ainsi que de notre bonne vieille terre) pouvait apporter de précieux enseignements sur le plan symbolique et, par delà, astrologique.

Dans cette dernière partie, nous continuerons nos investigations spatiales avec les Transaturniennes et quelques autres ensembles astronomiques remarquables.

Uranus et Neptune

Uranus, le rebelle renversé

Nous arrivons à la troisième planète géante gazeuse : Uranus. C’est la troisième planète en ordre de grandeur avec 51000 km de diamètre (4 fois la Terre), cependant elle se différencie nettement de Jupiter et Saturne, on peut réellement distinguer deux classes de planètes géantes, Uranus et Neptune ont des différences fondamentales avec leurs prédécesseurs, ils sont parfois appelés « géantes glacées » ou « sous géantes ». Ces deux planètes sont déjà plus petites (environ la moitié des premières), même si leur composition est principalement d’hydrogène et d’hélium, elles ont également une bonne part de glace d’eau, d’ammoniac et de méthane.

Avant de décrire plus en détail Uranus, commençons par souligner qu’Uranus est la première planète moderne. En effet, pour les anciens, le système solaire s’arrêtait à Saturne, ils n’avaient pas non plus la connaissance des astéroïdes et des satellites (et pourtant Uranus est parfois visible à l’oeil nu). C’est William Herschel, astronome amateur (et musicien), qui découvre par hasard ce nouvel astre la veille des révolutions américaine et française en 1781. Par précaution, Herschel présentait ce nouvel astre comme une comète, mais des astronomes ont vite déduit qu’il s’agissait bien de la 7ème planète du système solaire. Il semblerait que Herschel voulait nommer sa planète « George III » en l’honneur de son roi (l’astronome était anglais), on suggéra aussi de l’appeler de son propre nom : la planète « Herschel », finalement on jugea que donner le nom d’un dieu gréco-romain était plus approprié, c’est ainsi qu’on la baptisa « Uranus », père de Saturne, lui-même père de Jupiter (comme une généalogie à rebours).

Nous avons vu qu’Uranus a une composition différente des deux premières géantes, ce qui a pour premier effet de lui donner une couleur différente : tandis que Jupiter et Saturne arborent des teintes jaunes, orangées, ocres, voire rougeâtre, le méthane présent sur Uranus absorbe les rouges et les infra rouges, ce qui lui donne sa couleur turquoise caractéristique.

Uranus est relativement calme par rapport aux trois autres géantes, comme sur Saturne, les nuages sont organisés en bandes, mais très peu de tempêtes (les tâches) ont été observées.

Le noyau est mal connu, on suppose qu’Uranus posséderait un noyau solide (fer ?), puis un manteau de glace d’eau et enfin son atmosphère gazeuse. Uranus ne produit aucune énergie contrairement à Jupiter et Saturne, il n’a pas ce même statut de « pseudo étoile ». Uranus est d’ailleurs la planète dont l’atmosphère est la plus froide (-224 degrés).

Toute planète se distingue de ses sœurs par une particularité ; pour Uranus, il s’agit d’un cas vraiment unique : c’est la seule planète à être renversée sur son axe. Ce n’est pas son équateur qui est face au Soleil mais un de ses pôles, ses anneaux sont donc perpendiculaires à son orbite et non parallèles. Ainsi, Uranus a un hémisphère dans la lumière et l’autre dans la nuit. L’hémisphère austral est majoritairement éclairé, bien qu’Uranus présente alternativement ses pôles au Soleil durant sa révolution. La conséquence est que les pôles reçoivent plus d’énergie que l’équateur contrairement aux autres planètes. Malgré ce fait, c’est l’équateur qui est plus chaud, aucune théorie ne parvient à l’heure actuelle à expliquer cette originalité. L’origine de cette excentricité est incertaine. (Une collision ? Mais il faudrait un objet particulièrement massif pour renverser une planète géante.)

Uranus a une autre particularité qu’il partage avec Vénus, il effectue sa rotation en sens rétrograde, d’Ouest en Est.

Comme toutes les planètes géantes, Uranus a un système d’anneaux (on en distingue 13), ils sont très fins (100 m d’épaisseur). Tout comme Saturne, Uranus a des satellites bergers qui maintiennent ses anneaux : Cordélia et Ophélie.

La volonté d’Herschel de vouloir rendre hommage à son pays a été respectée par le baptême des satellites d’Uranus, ce ne sont pas les monarques de son pays qui ont donné leur nom, mais les personnages féeriques du folklore et de la littérature de son pays (nombreux héros de Shakespeare ou de Pope).

Comme chez Saturne, certains satellites se trouvent prisonniers des anneaux, d’autres sont bergers. Uranus ne possède pas de satellites planétaires comme les autres géantes, le plus grand est Titania (reine des fées du « songe d’une nuit d’été » de Shakespeare) avec moins de 1500 km de dimension moyenne, nous sommes effectivement loin des satellites planétaires de Jupiter, Saturne ou même la Lune. Titania est une boule de glace et de roche, elle disposerait quand même d’une atmosphère tenue et saisonnière de CO2.

Umbriel, Ariel, Obéron et Miranda viennent ensuite en ordre de grandeur, tout comme Titania, il s’agit de boules (enfin surtout pour Umbriel qui est le seul à être sphérique) de glace et de roche (Miranda serait surtout composée de glace) sans atmosphère.

Uranus compte ainsi 27 satellites connus.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Uranus est une planète « bizarre », et l’astrologie ne peut que se réjouir puisqu’elle a mis en évidence que les significations d’Uranus sont empruntes justement d’originalité et d’excentricité. On peut regretter à première vue qu’Uranus soit aussi « calme » dans son atmosphère, pourtant nous avons vu que les planètes à la surface figée sont celles portant les notions de tensions, de combat, l’Uranus astrologique est tout à fait dans cette optique, cette planète est bien celle du stress, de la réaction et de l’urgence. Avec lui, nous quittons les rois du système solaire. Ne produisant pas d’énergie, Uranus ne peut être qualifié de pseudo étoile, il n’a pas cette inclinaison pour le pouvoir et l’organisation qu’ont le Soleil, Jupiter et Saturne. Amusant de constater qu’Uranus devait être nommé du nom d’un roi pour finalement se retrouver avec un nom de dieu déchu de son trône, ce qui illustre cette défiance vis-à-vis de ceux qui ont le pouvoir.

Pourtant Uranus pourrait être un Saturne sans goût pour le pouvoir, il a le même aspect calme, et surtout ses anneaux avec ses satellites bergers le contraignant à l’intérieur de cette ceinture. Nous aurions peut-être abouti à des significations proches de Cérès, en effet un Saturne sans le goût du pouvoir pourrait tout à fait devenir un être extrêmement adapté, scrupuleux, rationnel, soucieux des convenances. Nous aurions pu, si Uranus n’avait pas cette particularité qui lui donne tout son sens : son inclinaison perpendiculaire aux autres. En se retournant, Uranus se libère de l’anneau, ainsi par cette « prise de position », Uranus devient bien le rebelle, celui qui n’accepte pas d’être enfermé dans un anneau, contrairement à Saturne qui tient bien sa position mais aussi Jupiter bien à sa place dans la société et aussi Neptune, planète de la fusion avec les autres, Uranus ne joue pas le jeu des codes, des lois, il est libre. Par rapport au Soleil, il est provoquant, encore plus que Mercure qui se moque de son roi, Uranus le défie, il ne lui montre pas sa face comme les autres (plutôt ses fesses ???), on ne s’étonnera pas de trouver dans le zodiaque Uranus en Verseau, face au Soleil en Lion. Autre ressemblance avec Mercure, Uranus a aussi un côté binaire, son inclinaison le pousse à avoir un pôle dans l’ombre et l’autre dans la lumière sur de longues périodes, il a donc un côté qui raisonne avec l’intérieur et l’autre avec l’extérieur, ce qui illustre bien le hiéroglyphe d’Uranus : une antenne avec deux paraboles ouvertes de chaque côté. En astrologie, Uranus est dit « octave supérieure » de Mercure (et possible exaltation de Mercure en Verseau).

Pour Uranus, quand on n’a pas le droit, on prend le gauche… Littéralement, puisqu’Uranus décide de tourner à l’envers, comme Vénus, mais contrairement à cette dernière, placide, qui est presque immobile, la rotation rétrograde d’Uranus est bien visible puisque son jour dure 17 h. On remarquera que ces deux planètes partagent une signification (certainement la seule qu’elles partagent) pouvant être mise en analogie avec la rotation rétrograde : l’entêtement ! Mais si Vénus est surtout dans la résistance passive (quasi immobilité de la planète), Uranus est dans la résistance active. Contrairement à la douce Vénus qui s’assoie et boude jusqu’à ce qu’on lui cède, Uranus est plus violent, il frappe contre les murs, dérange, bouscule, renverse (comme lui qui a été renversé !). Différence majeure entre Vénus et Uranus, si la première est la plus chaude, celle qui attire le plus l’énergie du Soleil, Uranus est le plus froid, comme si il se moquait du rayonnement de son maître, il ne daigne même pas en produire, encore un facteur qui montre bien son opposition avec le Soleil. Ne vous étonnez donc plus quand vous verrez un Uranien prendre l’autre côté, le sens interdit, il ne fait que suivre l’exemple de sa planète maîtresse, et après tout, il vous ouvrira peut-être un meilleur chemin.

Neptune, aux tourbillons outremers

Nous arrivons à la dernière planète gazeuse du système solaire, qui est devenue dernière planète tout court depuis le changement de statut de Pluton. Neptune se trouve aussi être la plus petite des quatre géantes avec un diamètre de 49000 km ce qui fait tout de même 4 Terres !). Neptune partage énormément de caractéristiques avec Uranus : taille et composition voisines. Tout comme Vénus, Neptune a une orbite quasiment circulaire.

Tout comme Uranus, Neptune a été découvert récemment, c’est Urbain le Verrier, astronome et mathématicien français qui localisa Neptune en 1846. Contrairement à Uranus dont la découverte tient du hasard, Le Verrier a calculé à partir des perturbations d’Uranus la position d’une planète hypothétique. C’est ainsi que Neptune apparut dans nos télescopes. On proposa de baptiser cette nouvelle planète « Le Verrier » mais on préféra (heureusement !) compléter le panthéon gréco-romain. Une légende veut que le Verrier se ravisa quand il rêva qu’il était menacé par le trident de Poséidon, celui-ci lui ordonnant de nommer cette planète par son nom !

Le Verrier tenta de renouveler l’exploit en tentant de découvrir « Vulcain », planète hypothétique entre le Soleil et Mercure, ce dernier présentant les mêmes perturbations qu’Uranus. Malheureusement, Vulcain n’existe pas (en tout cas pas ici !), les perturbations de Mercure s’expliqueront par la théorie de la relativité générale d’Einstein. Neptune est la première planète à échapper à la loi de Titius Bode. Cette théorie affirme que les planètes se localisent selon une équation mettant en relation le rang de la planète avec sa distance du Soleil. Si Uranus a validé cette loi, que Cérès et sa ceinture comblait le vide prévu pour la 5ème orbite, Neptune met cette théorie mathématique en échec. Il est beaucoup trop prêt, il se trouve à 30 UA (« unité astronomique »), alors qu’il devrait se trouver à 38,8 UA. La Loi de Titius Bode a donc été invalidée, peut-être un peu trop vite, car cette distance de 38,8 correspond à Pluton (qui est en moyenne à 39.5), la suivante serait à 77.2 (Eris est trop prêt, Sedna peut y correspondre mais c’est une moyenne entre les deux positions extrêmes de l’astéroïde).

La composition de l’atmosphère neptunienne, très proche de celle d’Uranus lui donne sa couleur bleue si caractéristique, cependant, un élément inconnu différent de son voisin fait que la nuance de bleu donne dans les indigos et les outremers. La différence ne s’arrête cependant pas là : si Uranus est calme, Neptune possède un climat très remuant ! C’est sur cette planète que l’on a enregistré les records de vitesse de vents, ils atteignent les 2000 km/h ! Neptune ressemble, sur ce point, beaucoup à Jupiter, pareillement à son frère qui arbore une tâche rouge, Neptune arbore une tâche noire (ou tâche sombre) qui est également un gigantesque ouragan. Contrairement à Jupiter dont la tâche semble être très vieille et devrait rester encore longtemps, cette tâche avait disparue quand Hubble survola Neptune mais d’autres tâches réapparurent, ce qui est le signe que l’atmosphère de Neptune change très rapidement. Bien sûr, d’autres orages apparaissent régulièrement sur Neptune, décorant la surface de la planète de petites tâches plus sombres ou plus claires.

Neptune en tant que planète gazeuse a bien sûr son système d’anneaux, ils sont par contre très petits et sombres. Cinq ont été découverts et portent le nom des personnes ayant contribué à la découverte de Neptune (Le Verrier bien sûr, mais aussi Galle, Adams, Arago et Lassell). Par contre, quatre autres ne sont pas continus, ce sont des « arcs », on les a nommés très joliment par des vertus (Courage, Liberté, Fraternité et Egalité), ils sont contenus dans l’anneau « Adams ». Ces arcs devraient logiquement s’étaler en anneaux, le mécanisme qui les rend stables sous cette forme est inconnu, mais il semblerait que la Lune Galathée participe à ce phénomène.

Bien sûr, Neptune a aussi sa cour de satellites, il en possède 13 connus, dont le plus remarquable est Triton. Ce satellite planétaire est le 7ème en taille dans tout le système solaire avec 2700 km de diamètre. Triton parcourt son orbite en sens rétrograde ce qui est le signe que Triton a été capturé par Neptune, il est probable que le satellite était alors un objet de la ceinture de Kuiper. Ce phénomène n’est bien sûr pas exceptionnel, Jupiter capte régulièrement des astéroïdes, mais aucun de la taille de Triton, c’est en ceci que la capture de Triton est remarquable. Sa composition est essentiellement de la glace mais aussi des roches, Triton a également une atmosphère d’azote et de méthane. Une théorie affirme que Triton faisait parti d’un couple comparable à Pluton/Charon, Neptune l’aurait séparé de son compagnon lors d’un rapprochement trop serré. Les autres satellites sont moins remarquables, Protée, le deuxième en taille ne mesure plus que 420 km de diamètre. Viennent ensuite Néréide (340), Larissa (195), Galathé, Despina, puis en dessous de la barre des 100 km Thalassa, Naïade, Halimède, Neso, Sao, Laomédie et Psamathée.

On n’aurait pu rêver mieux : la planète qui porte le nom du Dieu marin est une boule bleue indigo avec des tourbillons ! Neptune est la planète la plus mouvante, celle qui évolue le plus, elle rentre donc dans notre catégorie de planètes « douces » sans problème. On pourrait même dire que c’est la plus douce, la plus enveloppante, celle qui offre le moins de tensions. En effet, l’astrologie définit Neptune (parfois avec sévérité) comme la planète la moins consistante, la planète des rêves, des illusions, la planète qui s’offre en sacrifice plutôt que de combattre, celle prête à la fusion avec le monde. Notons que notre quatuor de planètes à la surface changeante se trouve lié par le jeu des maîtrises en astrologie : Vénus, maître du Taureau s’exalte en Poissons, dont le maître est Neptune, qui s’exalte en Sagittaire, dont le maître est Jupiter, qui s’exalte en Cancer, dont le maître, la Lune (ou la Terre) s’exalte en Taureau bouclant la boucle. Neptune partage en effet avec Vénus son orbite circulaire, il est littéralement son « octave supérieure », puisqu’il lui est, par le fait, parallèle. Il est également relié à Jupiter par leurs ouragans « tâches » rouge ou noire et aussi par le fait qu’il capte des astéroïdes de la ceinture de Kuiper, comme Jupiter capte les compagnes de Cérès. Ces trois planètes sont en astrologie, les maîtres du signe des Poissons.

On peut concevoir Neptune comme un petit Jupiter (comme Uranus a quelque chose d’un petit Saturne), mais ce n’est pas une semi étoile, donc les valeurs de Jupiter se retrouvent dans Neptune mais sans les notions de domination ou d’organisation. On retrouve donc la même générosité, l’ampleur, la tolérance et l’ouverture.

Si Saturne est contraint par son magnifique anneau, Uranus lutte contre lui en se renversant, Jupiter s’accommode de la petite restriction d’un petit anneau, Neptune fait autrement : il le coupe, il s’évade en formant des ouvertures dans cet anneau, en transformant certains en arcs. On s’aperçoit que si Neptune accepte les limitations de la réalité symbolisées par l’anneau (puisque celui-ci est bien parallèle à son orbite contrairement à Uranus), il arrive à aller au-delà sans les combattre, il les accommode, il les dissout, ceux-ci se fendent pour laisser passer l’influence neptunienne. Ainsi, on peut dire que notre quatrième géant sublime les dures réalités, les barrières infranchissables. Alors que les satellites de Saturne et d’Uranus maintiennent les anneaux, au moins un de Neptune concourt à les transformer en arc, Neptune est donc encouragé à sortir de l’anneau, nous retrouvons cette attitude du Neptunien qui ne tient pas compte des réalités de la vie, des limites rationnelles et physiques. Force est de constater que Neptune est la seule planète à échapper à une loi mathématique, la loi de Bode. Encore une fois, Neptune est au-delà des organisations, des chiffres, de la logique, il n’a pas la place qu’on attend de lui, il est au-delà encore de la rationalité. Il donne vraiment une impression de planète féerique avec ses magnifiques coloris, sa surface changeante et sa présence illogique.

La présence de Triton est également très intéressante d’un point de vue astrologique. Neptune a capté le meilleur de la ceinture de Kuiper, si on considère cette ceinture comme porteuse des fonctions plutoniennes, on pourrait concevoir une théorie en parallèle de celle qui relie Jupiter et Cérès. Si Cérès trie les astéroïdes les plus aptes à passer au rang supérieur de Jupiter (tri des comportements acceptables en société), Neptune accepte les âmes transformées (rédemption, pardon) par Pluton dans son orbite, ainsi Neptune représente un certain « paradis » (bien-être absolu, sublimation). Nous complétons ainsi le portrait neptunien par les notions mystiques et spirituelles. N’en voulez plus aux Neptuniens de ne pas être « comme tout le monde », leur planète n’est elle-même pas à une place rationnelle, laissons-les plutôt dissoudre les barrières de notre monde.

Pluton et les autres…

Le bal des démons

Nous quittons le domaine des planètes géantes pour une zone encore mal connue que l’astronomie continue de découvrir à notre époque : la ceinture de Kuiper. Il s’agit d’une zone où orbitent des milliers de petits corps, astéroïdes et planètes naines. Elle est très semblable à la première ceinture d’astéroïdes où se trouve Cérès. Elle est cependant bien plus étendue, elle est 20 fois plus large et 200 fois plus massive. La seconde différence est que la ceinture de Cérès contient surtout des corps rocheux ou métalliques, tandis que les corps de la ceinture de Kuiper sont de glace, de méthane, d’ammoniac ou d’eau Il semblerait que cette ceinture soit le réservoir des comètes, elle était également le foyer de Triton avant qu’il ne se fasse capter par Neptune. Les objets épars, tels Eris en seraient peut-être issus.

L’origine de cette ceinture est mal connue, il semblerait qu’une fois de plus, les géantes gazeuses notamment Jupiter et Neptune, aient concouru à la formation de la ceinture, empêchant par leur influence gravitationnelle la formation d’une grosse planète. Neptune a une grande influence sur cette ceinture, on sait déjà qu’il peut capter des astéroïdes pour en faire ses satellites, mais il perturbe également leur orbite au point de les envoyer vers l’intérieur du système solaire, ou au contraire vers les objets épars ou même dans l’espace interstellaire. En outre, de très nombreux objets sont en résonance avec Neptune (dont Pluton), ils effectuent 2 révolutions pendant que Neptune en fait 3. Pluton enfin, traverse l’orbite de Neptune.

La mystérieuse planète double

Ce n’est plus un secret, Pluton a perdu son statut de planète, il est désormais rangé parmi les planètes naines. Des adversaires peu scrupuleux de l’astrologie s’en sont servis pour railler l’utilisation de Pluton dans les thèmes astraux, il aurait pourtant fallu regarder de plus près : Pluton est loin d’être une planète naine ordinaire. Cérès a la particularité d’être le noyau de la planète avortée, Pluton, lui se révèle être un système complexe.

Cet astre a été découvert en 1930 par Clyde Tombaugh grâce à Perceval Lowell. Lowell, ayant fait fortune dans les affaires, fit construire un observatoire en Arizona à 2000 m d’altitude afin de trouver la 9ème planète responsable des perturbations dans l’orbite de Neptune. Malheureusement, il mourut sans avoir découvert la fameuse planète, mais il laissa dans son testament les instructions pour continuer son œuvre. Clyde Tombaugh, après un travail fastidieux de comparaison de dizaine de clichés, finit par découvrir la mystérieuse planète. On décida de l’appeler Pluton pour poursuivre la tradition mythologique, mais aussi pour rendre hommage à Perceval Lowell, ses initiales étant les deux premières lettres de Pluton (l’un des hiéroglyphes de Pluton étant la fusion de ces deux lettres ), on a donc réussi à satisfaire à la fois la tradition et l’hommage au découvreur. Pluton devait expliquer les perturbations de Neptune, hélas, on s’est vite rendu compte qu’il n’était pas assez massif pour cela. Par la suite, on localisa les autres membres de la ceinture de Kuiper, et l’on a abouti à la connaissance actuelle.

Lorsque l’on parle de Pluton, il serait plus juste de parler du couple Pluton/Charon, ce deuxième astre a longtemps été considéré comme le satellite de Pluton. Mais on a découvert qu’en fait Pluton et Charon tournent tous les deux autour d’un point fictif. Pluton/Charon est donc une planète double dont nous allons voir les caractéristiques.

Pluton est un corps de 2300 km de diamètre, fait de glace de méthane, sa structure interne étant encore inconnue bien sûr. Son atmosphère n’est qu’une mince couche d’azote avec un peu de gaz carbonique et d’ammoniac. Plus Pluton s’éloigne du Soleil, plus son atmosphère a tendance à se condenser, voire à se geler, par contre, quand il s’en rapproche, l’azote se sublime et recouvre son état gazeux. Cette sublimation refroidit ainsi encore plus Pluton.

Charon (découvert en 1978) est un corps de 1200 km de diamètre, la moitié de Pluton, c’est un rapport unique dans le système solaire, c’est pourquoi Charon ne tourne pas autour de Pluton mais danse avec ce dernier autour d’un point fictif. Charon n’a pas d’atmosphère, il serait composé de glace d’eau. Par contre, il y aurait des geysers froids à sa surface. Charon est donc un satellite remarquable par sa taille, son comportement et son activité.

Mais ce n’est pas tout, Pluton possède deux autres satellites tournant autour du couple, il s’agit de Nyx et d’Hydra, petits objets d’une centaine de kilomètres de dimension moyenne. Il est tout à fait possible qu’il existe encore d’autres petits satellites.

Pour finir, une hypothèse surprenante suppose que Pluton serait pourvu d’anneaux. La création des satellites de Pluton serait due à une collision (très probable dans cette zone du ciel), le reste des débris auraient pu former un anneau. Le télescope spatial Hubble n’a cependant toujours rien détecté. S’il y a un anneau, il est très mince (comme celui de Jupiter).

Le couple entretient un rapport étrange avec un autre astre de la ceinture : Orcus.

Orcus est également une sphère de méthane, il mesure environ 950 km de diamètre. Orcus est accompagné par Vanth, son satellite de 250 km de diamètre. Ils forment peut-être ensemble le même système que Pluton/Charon en plus petit. La particularité d’Orcus est que son orbite se trouve en miroir de celle de Pluton : ils ont tous deux la même forte inclinaison, mais inversée. Tandis qu’Orcus approche de son périhélie, Pluton dépasse son aphélie.

Voilà donc un astre bien singulier, qu’il serait un peu léger de qualifier de simple planète naine.

pluton by L. Gizzi

Les autres astres remarquables de Kuiper

La ceinture de Kuiper contient de nombreux autres objets remarquables.

Hauméa est un objet singulier, qualifié de planète naine, qui a une forme de ballon de rugby (il est d’ailleurs étonnant qu’Hauméa ait mérité le titre de planète naine, alors qu’un des critères est la forme sphérique). Ses dimensions sont d’environ 1900 km sur 990, elle est faite de glace d’eau et de roche. Hauméa possède deux petits satellites : Hi’iaka (310km) et Namaka (170 km).

Makémaké est le troisième astre de la ceinture à avoir été qualifié de planète naine. Cette sphère de glace et de méthane mesure près de 1900 km de diamètre. Il est possible que Makémaké ait une atmosphère se révélant quand elle s’approche du Soleil, comme Pluton.

Quaoar (1200km) disposant peut-être d’un satellite et Varuna (800 km) ont été les premiers plutinos découverts. Cependant, ils sont moins remarquables que les trois premiers cités.

La plupart des plutinos possèderaient un cryovolcanisme, c’est-à-dire des volcans de glace (comme sur Charon).

Faire le tri dans cette ceinture est encore moins aisé que dans la ceinture de Cérès où cette dernière est le seul objet remarquable. Cependant, le binôme Pluton/Charon a réellement de quoi retenir notre attention. Tout d’abord, il est vrai que Pluton seul n’a rien de particulier, mais avec Charon il dispose d’une masse et d’un volume beaucoup plus important. Ce groupe étant par le fait le plus important de la ceinture (on peut également rajouter à ce couple les deux petits satellites Nyx et Hydra). Il faut également rajouter dans le système plutonien le binôme Orcus/Vanth à qui il est relié en miroir. Tout comme la ceinture de Cérès, la ceinture de Kuiper fait office de frontière, mais cette fois c’est entre les géantes et un espace encore mal connu.

En astrologie, Pluton a été associé au Scorpion dont le hiéroglyphe est le même que celui de la Vierge (domicile de Cérès), à ce détail près du dernier jambage du M, dressé pour l’un, replié pour l’autre. Cette maîtrise nous amène donc à considérer Pluton et la ceinture de Kuiper comme une autre face de Cérès et de la première ceinture. Nous sommes face à des systèmes extrêmement complexes, ce qui n’est certainement pas sans rapport avec l’angoisse, les complexes, l’esprit tortueux que nous attribuons aux deux planètes naines, porteuses du message de leur ceinture. Si Cérès fait la jonction entre les planètes telluriques et les planètes gazeuses (passage de l’individu dans la société), la ceinture de Kuiper passe des géantes aux objets épars (une autre ceinture ?) ou au nuage d’Oort (la frontière de notre système solaire). Et tant que cet espace ne sera pas identifié avec précision, il sera difficile de donner plus de précisions sur le champ d’action de la fonction plutonienne. On sait juste qu’il doit transformer, purifier les comportements collectifs pour passer à autre chose (comme Cérès purifie et transforme les comportements individuels). On peut vraiment comparer les ceintures à un « tamis » de la conscience.

Petite différence toutefois, contrairement à l’action de Cérès qui ne va que dans un sens (telluriques vers gazeuses), celle de Pluton va dans les deux sens : certains objets vont vers le disque épars et d’autres retournent vers Neptune voire en deçà. Pluton envoie donc les plutinos transformés, purifiés, soit vers Neptune (le « paradis »), soit vers l’espace encore inconnu. La ceinture de Kuiper est ainsi à la fois révélatrice d’une fonction de polarisation, de la conscience de deux camps, de la capacité de séparer le monde en deux, et également, comme Cérès, de la notion de tri.

Notons que le domicile astrologique de Pluton, le Scorpion, encadre avec la Vierge (Cérès) le signe de la Balance (signe de la rencontre avec l’autre). Il précède les domiciles des planètes gazeuses, montrant qu’il est nécessaire pour passer du duo au comportement vraiment sociétal. On le retrouve également en Bélier, premier signe du zodiaque et faisant donc suite au domicile de Neptune, les Poissons, montrant alors la nécessité de passer par lui pour accéder à une nouvelle conscience (renaissance en Bélier).

Le couple Pluton /Charon est en lui-même également très significatif des fonctions astrologiques. Tout d’abord, nous avons affaire à un couple dansant autour du Soleil mais en résonance avec un autre couple : Orcus et Vanth. Quand un couple monte, l’autre descend, quand l’un s’approche du Soleil l’autre s’en éloigne. Il s’agit bien encore une fois de l’illustration de la polarisation : pour Pluton c’est l’un ou l’autre, il y a un choix à faire, il faut opter pour un camp, tout est binaire, noir ou blanc. Comme Mercure et Uranus, il parle de dualité, mais contrairement à ces deux astres qui sont indivisibles, Pluton va plus loin, il est lui-même divisé, que ce soit dans sa rotation (avec Charon) ou dans sa révolution (avec Orcus). Alors que Mercure et Uranus montrent un intérêt intellectuel pour la dualité, comme si ils réfléchissaient (suis-je froid ou chaud ?), Pluton montre un intérêt affectif, il se concentre sur son compagnon Charon et il se défie de l’autre couple en face de lui (Orcus a la même attitude en miroir, il aime Vanth et regarde le couple Pluton /Charon de loin). Pour Pluton la dualité se vit au niveau du cœur, du corps. Il ne s’agit plus de réfléchir au chaud ou au froid, à la lumière ou aux ténèbres, mais vraiment d’avoir l’autre toujours dans son champ de conscience. Pluton s’associe donc aux notions de passion, d’exclusivité, d’amour/haine, de fascination, d’investissement affectif. Alors qu’il est entouré par des milliers d’autres corps, il ne voit que son partenaire et ses rivaux.

Il serait astrologiquement intéressant de regarder les positions d’Orcus, l’autre seigneur des ténèbres, le rival de Pluton (Orcus est un dieu des Enfers, mais plus maléfique et tourmenteur, tandis qu’Hadès est juste et sage). Enfin, la sublimation de l’atmosphère plutonienne (qui doit être commune à beaucoup de plutinos) est particulièrement significative de capacités de transformation, d’adaptation à l’extrême, de la capacité de se modifier pour survivre. Notons aussi le crypto-volcanisme de nombreux objets de la ceinture ; malgré leur petite taille, ils ne sont pas inactifs, ce qui donne une sacrée différence avec la ceinture de Cérès, où les astéroïdes sont des objets inertes. Peut-être est-ce là l’une des raisons de l’adaptation en soumission des Cérésiens, face aux capacités de lutte des Plutoniens ?

C’est vrai que ça peut être pesant de voir les Plutoniens si prompts à détester les gens qui leur font face et qui les narguent, mais n’oublions pas que quand nous sommes dans leur cœur, ils pourraient danser avec nous toute une vie en ne voyant que nos yeux, comme Pluton danse amoureusement avec Charon.

Les exilés qui frôlent la frontière

Nous voici sur le point de découvrir une nouvelle région du système solaire. Effectivement, derrière la ceinture de Kuiper, nous commençons à localiser de nouveaux objets. Pour l’instant, on les appelle les objets épars.

Les objets qui se trouvent à cet endroit se distinguent par une grande excentricité orbitale. En effet, si lors de leur aphélie, ils se trouvent parfois à plus de 100UA, lors de leur périhélie, il leur arrive de traverser la ceinture de Kuiper (l’un d’entre eux va même jusqu’à Saturne, il est nomenclaturé 1999 TD10). Autre particularité, leur orbite est souvent très inclinée, bien plus que les plutinos. L’astéroïde 2004XR190 « Buffy » (il n’a toujours pas de nom officiel) estimé entre 500 km et 100 km, se trouve être une remarquable exception : il possède une orbite presque circulaire quoique très inclinée.

Leur nombre et leur origine ne sont pour l’instant pas connus, nous ne savons pas si ils forment une nouvelle ceinture, ou si ils ne sont que de rares objets épars. On suggère que beaucoup sont des objets de la ceinture de Kuiper qui ont été éjectés par l’influence gravitationnelle de Neptune.

Les deux plus célèbres sont Eris et Sedna.

Eris est très célèbre pour avoir provoqué le déclassement de Pluton vers une nouvelle classe d’astres créée spécialement pour eux deux : les planètes naines. Découverte en 2005, on a songé à la qualifier de 10ème planète. Après de longues journées de négociation, les astronomes se décidèrent pour la conclusion que nous connaissons. Avant de la nommer comme la déesse grecque de la discorde, on pensa l’appeler Xéna, en référence à l’héroïne de la série, la tradition finit par l’emporter et on se ravisa pour Eris.

Eris est la plus grosse des planètes naines, son diamètre est évalué à 2400 km, un peu plus grosse que Pluton (cependant, il s’agit d’une estimation basse, Eris pourrait être plus grosse, mais dans tous les cas moins de 3000 km). Sa composition est très proche de Pluton, il s’agit surtout de glace de méthane, nous ne savons pas si Eris a une atmosphère (elle pourrait en avoir une quand elle est au plus proche du Soleil, comme Pluton). Eris, comme beaucoup d’objets épars, a une orbite très excentrique et très inclinée. Sa distance du Soleil varie de 37 UA à 97 UA, elle croise donc l’orbite de Pluton et la ceinture de Kuiper, mais pas Neptune. Eris ne voyage pas seule non plus, on lui a découvert un petit satellite : Dysnomia. Ce petit corps de 300 à 400 km de diamètre est probablement un fragment d’Eris arraché lors des nombreuses collisions entre les objets épars. L’un des noms proposés était « Gabrielle », compagne de Xéna dans la série, on préféra le nom de la personnification de l’anarchie, qui se dit « Lawlessness », clin d’œil à la série dont l’héroïne est interprétée par Lucy Lawless.

Sedna n’a pas (encore) reçu le statut de planète naine, elle est donc encore classée parmi les astéroïdes. Lorsqu’on l’a découverte en 2003, Sedna était le plus gros objet après Pluton avec 1500 km de diamètre. Depuis, Eris l’a distancée, ainsi que Makémaké et Hauméa (quoique pour cette dernière sa forme ovale rend difficile la comparaison). C’est pourquoi Sedna avait aussi été envisagée comme la dixième planète. Sedna est l’objet non cométaire le plus éloigné du Soleil connu, son aphélie culmine à 935 UA (pour un périhélie de 76 UA), cette distance a justifié son baptême : son nom est celui d’une déesse Inuit de la mer, habitant les profondeur de l’Arctique. La composition de Sedna est inconnue, on suggère de la glace d’eau ou de méthane comme Pluton ou Eris. Notons que Sedna est l’objet le plus rouge du système solaire après Mars (et encore), Pluton a également des reflets rouges tandis qu’Eris est grise.

Il est à l’heure actuelle, impossible de conclure quoique ce soit sur l’influence astrologique de cette zone et des objets qui la composent. Il nous faudrait plus de données sur le lien de ces planétoïdes avec la ceinture de Kuiper, lui appartiennent-ils, en ont-ils été exclus ?

De même il faudrait savoir avec certitude ce qu’il y a derrière pour pouvoir poser des hypothèses, le fait que ces objets soient certainement en contact avec les premières couches du nuage d’Oort est un début.

La difficulté pour les astrologues est aussi le temps de révolution très long, ce qui rend ardu l’étude des transits de ces astres. En effet Eris met 557 ans pour faire le tour du zodiaque et comble de malchance, elle est à l’heure actuelle à son aphélie, ce qui fait qu’elle va mettre plus de 110 ans pour traverser le signe du Bélier, les personnes les plus jeunes ayant Eris en Poissons sont née en 1927 et il faudra attendre 2044 pour que naissent les premiers porteurs d’Eris en Taureau. Par contre, quand elle est au plus proche de nous, elle met moins de 30 ans pour traverser la Balance. Quant à Sedna, avec ses 11000 ans de révolution, elle se situe au-delà de l’humanité.

Il est probable que cette zone soit le défi du XXIème siècle autant pour les astronomes qui devront découvrir ses caractéristiques et recenser ses objets, que pour les astrologues qui devront trouver les significations qu’elle porte.

La peau hypothétique de notre monde

Nous voilà arrivés au terme de notre voyage dans le système solaire, essayons de toucher sa peau, sa limite : le nuage d’Oort.

Cette formation n’a pas encore été observée, elle est hypothétique, théorique, mais selon les modèles scientifiques, très probable. Il s’agirait d’un ensemble sphérique, qui formerait comme une coquille autour de notre système, il s’étendrait de 50000 UA jusqu’à une année lumière. Au-delà, nous atteindrions la limite de l’influence gravitationnelle de notre système. L’origine de ce nuage serait le reliquat du disque protoplanétaire, les « restes » du système solaire qui n’ont pas formé d’astres massifs mais des millions de petits corps qui se sont organisés en nuage.

Il faut distinguer le nuage d’Oort du nuage de Hills, appelé aussi nuage interne, il s’agit en fait de deux parties d’une même structure. Ce premier nuage reste disposé comme un disque (ressemblant ainsi à une ceinture d’astéroïdes), il va ensuite s’étendre pour aboutir à l’enveloppe sphérique du nuage d’Oort.

Cette partie de notre monde serait le réservoir des comètes, objets à l’ellipse extrêmement excentrique qui sont déviés vers le système solaire interne. Nous avons parfois la chance d’en croiser une et de voir un objet spectaculaire dans notre ciel pendant quelques nuits. Si la comète de Halley reste la plus célèbre, ces dernières décennies nous avons eu la visite de Hale-Bopp et Hyakutake. Notons que les comètes ont certainement participé à l’apparition de la vie sur Terre en fécondant notre océan primordial avec les premiers acides aminés. Cependant, le nuage de Hills accueille certainement d’autres objets plus massifs et plus réguliers, Sedna est peut-être la première représentante de cette région. En termes de composition, l’hypothèse la plus probable est que ces corps sont majoritairement faits de glace d’eau, de méthane et d’ammoniac.

Il est probable que d’autres étoiles possèdent aussi un nuage semblable à Oort, il est donc probable que ces nuages entrent en relation, provoquant alors des « marées » gravitationnelles qui entraîneraient un afflux important de comètes vers le système interne, ainsi que l’échange de planétoïdes entre les deux nuages.

Bien sûr, comme le nuage d’Oort est une hypothèse, il serait difficile de poser des pistes pour sa signification astrologique. Rappelons quand même deux légendes intéressantes : les dieux du ciel des mythologies gréco-romaines et égyptiennes sont très différents mais leur symbolique rappelle étrangement le nuage d’Oort : – Ouranos, dieu du ciel chez les Grecs (Uranus ou Caelus chez les Romains) a, comme le nuage d’Oort, fécondé la Terre pour y faire apparaître la vie (les comètes, porteuses des premiers acides aminés). – Nout, déesse du ciel chez les Egyptiens, est représentée comme une femme étendue autour de la Terre, lui donnant sa cohérence, comme une enveloppe permettant au monde de rester uni, on peut vraiment la rapprocher du nuage d’Oort qui enveloppe notre système solaire et lui donne une forme au-delà de son Soleil.

Même si son existence est hypothétique, le nuage d’Oort est porteur d’une symbolique très forte : celui de la peau. Comme cet organe, il donne une forme, une existence à l’organisme, comme cet organe il sépare le Soi de l’Autre, comme cet organe, il échange avec l’extérieur (les autres systèmes stellaires), comme cet organe il échange avec l’intérieur (les comètes, telles des influx nerveux de la peau vers le cœur ou le cerveau que sont le Soleil et la Terre). Nul doute que quand nous aurons exploré le nuage d’Oort, les astrologues auront des difficultés à trouver son « centre d’influence » comme Cérès ou Pluton, surtout que les objets ont une révolution très lentes (souvenons-nous de Sedna qui borde cette région –si elle n’en fait pas partie- et de ses 11000 ans de révolution). Voilà encore un véritable défi pour les astrologues et les astronomes du XXIème siècle !

Conclusions et Annexes

On reproche régulièrement aux astronomes qui critiquent notre discipline de ne pas la connaître, c’est exact et dommageable, mais pouvons-nous affirmer que la réciproque n’est pas vraie ?

L’astrologue se devrait de connaître l’astronomie, comme ses illustres prédécesseurs que sont Galilée ou Copernic qui ne faisaient pas de différence entre les deux disciplines. Pourtant le ciel est passionnant, que ce soit le ciel de l’astrologue ou le ciel de l’astronome, ce sont d’ailleurs les mêmes et la dichotomie devrait cesser. En effet, quoi de plus poétique qu’un ciel étoilé, quoi de plus beau que ces astres dansant dans l’espace. La science a parfois tendance à l’oublier, passant à côté des magnifiques tourbillons indigo de Neptune, de la lumière laiteuse de Vénus ou des anneaux majestueux de Saturne. Le sentiment de beauté qui se dégage de l’observation de notre espace est à conserver car c’est pour l’astrologue un premier pas vers la découverte d’un monde fait de concepts scientifiques qui sont finalement très faciles à relier à notre discipline. Celle-ci ne peut que s’enrichir de connaître le « corps physique  » de ces astres que nous avons tendance à trop symboliser, à trop abstraire, oubliant parfois ce fait derrière des termes symboliques comme « la déesse de l’amour », « l’octave supérieur de Mercure », « le maître du Bélier », mais ces dénominations symboliques ne doivent pas faire oublier que ces astres ont une réalité tangible, comme derrière les caractères et les qualificatifs, il y a aussi le sang et la chair de ces êtres humains que nous étudions par le biais de ce ciel. Ne reprochons pas à notre monde de ne voir que la matière, si c’est pour nous, l’oublier, car comme vient de le montrer ce dossier, si la matière de la Terre n’est pas là, l’énergie solaire ne peut s’incarner.

Apprenons donc ensemble le fonctionnement de cet incroyable organisme qu’est le système solaire ! Vous l’aurez sûrement remarqué, cette comparaison est récurrente dans notre étude, le système solaire ressemble effectivement à un organisme, où chaque partie est interdépendante, un corps avec un cœur, une peau, des nerfs. Relions cette dernière notion avec l’astrologie en affirmant que le système solaire est le représentant de notre corps psychique et que chaque astre est un organe de ce corps. Imaginons alors le cœur de notre organisme comme le Soleil diffusant l’énergie autour de lui, imaginons le cerveau comme la Terre, laboratoire de la vie, où s’imagine les formes des êtres vivants, imaginons nos veines comme Vénus qui fait lien entre la Terre et le Soleil, les artères comme Mars qui fait lien entre la Terre et l’extérieur, nos intestins comme les astéroïdes avec Cérès triant ceux qui iront vers Jupiter, notre peau comme ce mystérieux nuage d’Oort qui limite notre organisme en frôlant les autres. Oui, le système solaire est un être, certainement vivant puisqu’il évolue, produit son énergie, change, se transforme, comme la Terre elle-même, comme chacun d’entre nous. Ainsi n’oublions pas qu’en étudiant les sciences, la poésie et les mythes ne sont finalement pas si loin !

La symbolique est importante, un symbole c’est une image qui parle plus qu’un long discours, c’est une image qui permet d’appréhender un concept. Mais comme Mercure qui tente d’appréhender le Soleil, il y a autant de différences entre le symbole et la réalité qu’entre le messager des dieux et notre Soleil. Ne confondons pas réalité et symbole, et surtout ne laissons pas les adversaires de l’astrologie les confondre pour nous discréditer. Ainsi, si le rouge est le symbole du chaud et le bleu le symbole du froid, en réalité, une étoile bleue est la plus chaude tandis qu’une rouge est la plus froide (regardez le métal chauffé à blanc qui passe du rouge ou blanc au fur et à mesure que sa chaleur augmente). De même, Vénus n’est pas une planète infernale parce que sa surface ressemble à l’Enfer des chrétiens, Mars n’est pas une planète passive parce que son tellurisme s’épuise. Mais nous avons réussi à démontrer certaines « règles », ainsi les planètes dont la surface évolue sont des planètes « douces  » tandis que celles dont la surface est plus figée sont « dures », on peut penser que les anneaux sont à mettre en relation avec les contraintes et l’attitude des planètes face à eux est superposable à l’attitude de la planète face à ces contraintes, il y a certainement un rapport entre les ceintures d’astéroïdes et les notions de tri, d’angoisse, on peut penser que deux planètes en synchronicité sont reliées d’une certaines façon. Et par cette démarche, nous prouvons que l’étude de l’astronomie, loin de lui être antagoniste, corrobore, affine, complète l’étude de l’astrologie.

Rendons donc hommage à cette discipline, celle qui classe, mesure nos astres chéris, celle qui les découvre, celle qui les étudie, celle qui les explore et qui, peut-être, nous permettra un jour d’en habiter certains : l’astronomie.

Annexes

Lexique des termes astronomiques

  • Apoastre, Aphélie, Apogée : point de l’orbite où l’astre est le plus éloigné de celui autour duquel il tourne.
  • Astéroïde : petit objet céleste tournant autour du Soleil.
  • Astre : corps céleste.
  • Atmosphère : couche gazeuse entourant l’astre.
  • Barycentre : centre de masse (si A pesant 1 kg et B pesant 2 kg sont séparés de 2 m, le barycentre se trouve à 0.5 m de B et non à la
  • moitié).
  • Biosphère : ensemble des milieux où l’on trouve la vie.
  • Comète : astre portant une chevelure lumineuse, devenant brillante au voisinage du Soleil.
  • Effet de serre : processus d’absorption de la chaleur d’une étoile.
  • Etoile : corps céleste produisant son énergie et sa lumière.
  • Excentricité : distance du centre d’une ellipse à son foyer.
  • Densité : rapport entre la masse et le volume.
  • Hémisphère : moitié d’un astre.
  • Hydrosphère : ensemble des formes d’eau d’un astre.
  • Magnétisme : phénomène des forces attractives ou répulsives d’un corps sur un autre.
  • Magnitude : grandeur de luminosité.
  • Orbite : parcours d’un astre autour d’un autre.
  • Périastre, Périhélie, Périgée : point de l’orbite où l’astre est le plus proche de celui autour duquel il tourne. Périastre est le terme général, périhélie est utilisé quand l’astre central est le Soleil, périgée quand c’est la Terre.
  • Planète: astre sphérique, de taille importante, ne produisant pas d’énergie tournant autour d’une étoile.
  • Planète naine : astre sphérique, de taille plus modeste n’ayant pas réussit à faire le vide sur son orbite tournant autour d’une étoile.
  • Pression : force appliquée à une surface.
  • Révolution : parcours d’un astre autour d’un autre.
  • Rotation : mouvement d’un astre sur lui-même.
  • Tellurisme : mouvement du sol d’une planète.
  • Température : degrés de chaleur d’un corps ou d’un espace.
  • Volcan : relief formé par l’éjection de magma.

Origine des noms des satellites et des astres mineurs :

    • Achille : héros de la guerre de Troie (camp grec), fils de la néréide Thétis, rendu invulnérable par celle-ci au moyen d’une complète immersion dans le Styx, à l’exception de son talon.
    • Adrastée : nymphe chargée par Rhéa de la protection de Zeus enfant.
    • Agamemnon : héros de la guerre de Troie (camp grec).
    • Amalthée : nymphe chèvre, nourrice de Zeus enfant.
    • Ananké : déesse grecque de la nécessité.
    • Anchise : père d’Enée.
    • Ariel : esprit, personnage de « La Tempête » de Shakespeare.
    • Atlas : titan condamné à porter la voûte céleste sur ses épaules.
    • Callisto : nymphe maîtresse d’Artémis et de Zeus.
    • Calypso : nymphe ou Océanide amoureuse d’Ulysse.
    • Carmé : nymphe maîtresse de Zeus.
    • Cordelia : troisième fille du Roi Lear de la pièce éponyme de Shakespeare.
    • Charon : nocher (« celui qui conduit une embarcation ») qui avait pour fonction de faire traverser l’Achéron aux âmes des morts.
    • Davida : origine incertaine, référence au roi David ?
    • Déimos : fils d’Arès et d’Aphrodite, incarnation de la crainte.
    • Despina : nymphe marine, fille de Poséidon et Déméter, parfois épithète d’Aphrodite, Déméter ou Perséphone, signifiant « Mademoiselle ».
    • Dioné : Océanide, mère d’Aphrodite dans certaines versions.
    • Dysnomia : déesse grecque de l’anarchie.
    • Élara : princesse, maîtresse de Zeus qui la cacha sous terre pour la soustraire à la jalousie d’Héra où elle mit au monde leur enfant.
    • Encélade : Géant vaincu par les dieux, enfoui sous la Sicile où ses mouvements provoquent l’éruption de l’Etna.
    • Enée : héros troyen, fondateur de Rome.
    • Epiméthée : frère de Prométhée, mari de Pandore, créateur des animaux, « celui qui pense après ».
    • Eris : déesse grecque de la discorde.
    • Eunomie : Heure, fille de Zeus et Thémis, déesse de l’ordre, de la justice et de l’équité.
    • Euphrosyne : l’une des Charité, suivante d’Aphrodite, charité de la Joie.
    • Europe : princesse, maîtresse de Zeus, qui prit la forme d’un taureau pour l’enlever, mère de Minos.
    • Galathée : une des Néréides.
    • Ganymède : Prince, amant de Zeus, qui pris la forme d’un aigle pour l’enlever, devenu échanson des dieux, image du Verseau.
    • Hauméa : Déesse hawaïenne de la fertilité et de la naissance.
    • Halimède : l’une des Néréides.
    • Hector : héros troyen.
    • Hélène : princesse de Sparte, fille de Zeus et de Léda, « la femme la plus belle du monde » promise par Aphrodite à Paris, mais mariée à Ménélas.
    • Herculina : origine incertaine, référence à Hercule ?
    • Hi’Iaka : fille d’Hauméa, patronne d’Hawaï et des danseurs.
    • Himalia : Nymphe, maîtresse de Zeus.
    • Hydra : origine incertaine, référence à l’hydre, monstre, serpent à plusieurs têtes.
    • Hygie : fille d’Asclépios, déesse de la santé, de l’hygiène.
    • Hyperion : Titan, frère de Cronos et Rhéa, marié à Théia, assimilé au Soleil.
    • Interamnia : origine incertaine, « inter » signifie « entr », « amios » signifie « vase contenant du liquide ».
    • Io : maîtresse de Zeus, transformée en génisse par lui pour la soustraire à la jalousie d’Héra.
    • Janus : dieu romain à deux visages opposés, protecteur de Rome, dieu de la paix, veillant aux ouvertures.
    • Japet : Titan, frère de Cronos et Rhéa, père de Prométhée, Épiméthée et Atlas.
    • Laomédie : une des Néréides.
    • Larissa : mortelle, maîtresse de Poséidon.
    • Léda : reine de Sparte, maîtresse de Zeus qui prit la forme d’un cygne pour la visiter, mère d’Hélène, Clytemnestre, Castor et Pollux.
    • Lysithéa : Océanide, maîtresse de Zeus, parfois assimilée à Sémélé, mère de Dionysos.
    • Maké maké : Dieu principal de l’île de Rapa Nui (île de Pâques) qui donna vie aux humains.
    • Métis : Océanide, première femme de Zeus qu’il dévora alors qu’elle était enceinte d’Athéna, personnification de l’intelligence, de la sagesse et de la ruse.
    • Mimas : Géant tué par Héphaïstos ou Arès et enseveli sous le Vésuve.
    • Miranda : fille du magicien Prospero dans « La Tempête » de Shakespeare.
    • Naïades : nymphes des eaux.
    • Namaka : deuxième fille d’Hauméa.
    • Néréides : nymphes de la Mer
    • Néso : l’une des Néréides.
    • Nestor : héros le plus âgé et le plus sage de la guerre de Troie (camp grec).
    • Nyx : déesse grecque de la nuit.
    • Obéron : roi des elfes, mari de Titania dans le « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare.
    • Odysseus : Ulysse, roi d’Ithaque, héros de la guerre de Troie (camp Grec) et de l’Odyssée.
    • Ophélie : princesse danoise, aimée de Hamlet dans la pièce éponyme de Shakespeare, devenue folle, elle se suicida.
    • Orcus : dieu des Enfers dans la mythologie romaine et étrusque, version maléfique et vengeresse d’Hadès (donnera son nom aux orcs de Tolkien dans le « seigneur des anneaux »).
    • Pan : dieu grec des bergers et des prairies, à l’apparence d’un faune, seul dieu qui réussit à mourir.
    • Pandore : première femme dans la mythologie grecque, responsable de la diffusion des malheurs sur l’humanité et d’un peu d’espoir, son nom signifie « parée de tous les dons ».
    • Pasiphaé : femme de Minos, mère du Minotaure et d’Ariane.
    • Patrocle : héros de la guerre de Troie (camps grec), amant d’Achille.
    • Phobos : fils d’Arès et d’Aphrodite, personnifie la peur panique.
    • Pollux : fils de Léda, jumeaux de Castor avec qui il forme l’image des Gémeaux.
    • Priam : roi de Troie au moment de la guerre.
    • Prométhée : Titan créateur de l’humanité, donna aux hommes le feu malgré l’interdiction de Zeus, condamné à se faire dévorer le foie par un aigle, délivré par Héraclès, « celui qui pense avant ».
    • Protée : dieu marin, gardien des troupeaux de phoques de Poséidon, dieu prophète et métamorphe, père des Néréides, surnommé le « vieux de la mer ».
    • Psamathée : l’une des Néréides.
    • Psychée : princesse aimée d’Eros, Aphrodite attisa sa jalousie contre elle car les mortels la prétendaient plus belle que la déesse, élévée au rang de déesse et mariée à Eros après sa réconciliation avec Aphrodite, l’une des rares personnes à être revenue des Enfers.
    • Quaoar : esprit créateur amérindien.
    • Rhéa : Titanide, femme de Cronos, mère d’Hestia, Héra, Poséidon, Hadès, Déméter et Zeus, elle sauva ce dernier de son père.
    • Sao : l’une des Néréides.
    • Sedna : déesse inuit de la mer et des créatures marines, inspire le respect de la mer et de la femme.
    • Sinopé : nymphe aimée de Zeus et d’Apollon, le premier lui accorda un vœu pour avoir ses faveurs, elle souhaita alors rester vierge.
    • Télesto : l’une des Océanides.
    • Thalassa : divinité primordiale de la mer, elle incarnerait plus spécifiquement la méditerranée.
    • Thébée : nymphe, fille du dieu fleuve Asopos, la cité Thèbe est nommée ainsi en son honneur
    • Thémisto : l’une des Néréides.
    • Thétys : Titanide (la plus jeune), sœur de Cronos et de Rhéa, déesse bénéfique de la mer et de la fertilité marine.
    • Titans : enfants de Gaïa et d’Ouranos, les 12 divinités précédents les dieux : Cronos, Rhéa, Thémis, Thétys, Océan, Japet, Théïa, Phoebe, Hyperion, Crios, Coeos et Mnémosyne.
    • Titania : reine des Fées, épouse d’Obéron dans « le songe d’une nuit d’été  » de Shakespeare
    • Triton : fils de Poséidon et d’Amphitrite, dieu marin, sirène mâle, bienfaiteur, jouant de la conque marine pour apaiser les flots.
    • Umbriel : esprit du mal dans « la boucle de cheveux volés  » d’Alexandre Pope.
    • Vanth : déesse étrusque, messagère de la mort.
    • Varuna : dieu du védisme et de l’hindouisme, gardien de l’ordre, des lois et des châtiments.

Tous droits réservés (texte et illustration) Laurent Gizzi

Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation écrite de l’auteur

Remerciements à Stéphanie Graff pour son travail de relecture et de correction !

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