Gainsbourg : la dualité mercurienne

Nous avons tous au moins eu l’impression un jour d’être « deux » dans le même corps, c’est-à-dire d’abriter en nous deux personnalités contradictoires, ne voulant ni aller dans le même sens, ni selon les mêmes chemins. Il est un exemple dans le monde artistique qui a fait de ce sentiment souvent transitoire, une sorte de marque de fabrique, jouant à fond la carte de la dualité intérieure : l’ami Serge. Alors, Gainsbourg ou Gainsbarre ? C’est ce que nous allons voir à travers son thème, sa biographie commentée astrologiquement et ses propres paroles.

 

Thème et dominantes de Gainsbourg

Gainsbourg est né le 02/04/1928 à 04h45 à Paris.

Carte natale de Serge Gainsbourg

Les dominantes du thème sont pléthore et il ne faut pas s’en étonner : ce premier indice indique bien le fait qu’on a affaire à une personnalité complexe, présentant plusieurs facettes. Remarquons toutefois que Mercure est en conjonction exacte avec l’Ascendant. Cette position est typique d’une personnalité qui se dédouble, qui joue de sa dualité (et qui, dans des cas pathologiques entraîne la schizophrénie). Mercure à l’Ascendant, c’est la gémellité de la personnalité, autrement dit l’art de faire coexister deux caractères : Gainbourg et Gainsbarre. Cela est d’autant plus vrai ici que l’Ascendant et Mercure se trouve dans le signe double du Poissons.

Mais quelles sont au juste ces deux personnalités que l’auteur/compositeur revendique à tour de rôle ?

Gainsbourg, le « gentil », l’artiste, le mari, le père, c’est Vénus et la Lune, toutes deux dominantes par conjonction aux angles I/VII.

Gainsbarre, le « méchant », le provocateur, le castagneur, l’agitateur, c’est le Bélier, occupé par un amas (Soleil, Uranus, Jupiter). Cet amas en Bélier, commun à des milliers de natifs nés durant cette période, est renforcé dans le thème de Gainsbourg par sa position en I, la Maison de la personnalité. De plus, le Soleil qui fait relais entre Uranus et Jupiter est trigone à Saturne culminant et lui-même trigone à son Maître Jupiter (puisqu’il se trouve en Sagittaire).

 

Gainsbourg, le provocateur

 

Nous avons donc affaire à une personnalité à la fois douce, sensuelle, philanthropique (Vénus/Poissons/I), rêveuse, créative et quelque peu bridée émotionnellement (Lune/Vierge à la cuspide de VII) et à une personnalité batailleuse et conquérante (Amas bélier), rebelle et intransigeante (Uranus/Bélier/I).

L’ensemble de la personnalité se réunit autour du Pôle mercurien qui renforce la dualité (Mercure à l’Ascendant) et du Pôle Saturnien (Conjoint MC) qui pousse à une forte ambition, de la persévérance et une certaine pondération. Pondération ? Et pourtant oui, quand on y réfléchit, il est difficile de penser que l’artiste est jamais « dépasser les bornes » sans en avoir pleinement conscience et en jouant de son image. On attribuera également sa longévité de carrière exceptionnelle à ce Saturne dominant, trigone Soleil et Jupiter, sextile Mars, trigone Neptune (rien que ça !).

Tout en contradiction (par exemple : dédain qu’il a affiché lors d’une confrontation avec Catherine Ringer, ex-star du porno et en parallèle chanson sulfureuse comme Love on the beat…), l’artiste semble vouloir échapper à toute catégorisation, y compris astrologique. Devant de tel phénomène, plus qu’une seule solution, l’étude systématique !

Biographie astrologique de Gainsbourg

La biographie de l’artiste est tirée de cette excellent site, les commentaires astrologiques y sont insérés entre parenthèses.

Enfance et adolescence

Des parents unis et tendres, une sœur jumelle Liliane, deux aînés : Marcel -qui décèdera à l’âge de seize mois- (Mercure, significateur des frères en Poissons et carré Pluton en Cancer)- et Jacqueline née un an avant lui, auraient pu faire de Lucien (NDR : prénom d’origine de Serge) un enfant épanoui et heureux. C’est oublier les complexes dus à son physique et à sa timidité (Lune dominante en Vierge), mais aussi à un certain sentiment de supériorité (Conjonction Soleil/Jupiter en I poussant à la dilatation du Moi, Saturne culminant indiquant une ambition farouche et Vénus dominant en I qui véhicule des valeurs narcissiques), qui très tôt le mettront à part, à l’écart des autres. . .

ll naît le 2 avril 1928, à Paris, de Joseph Ginsburg et d’Olia Bessman. (…) Joseph gagne sa vie en jouant du piano dans les cabarets. Fou de musique classique, fou de peinture. Il ne rate aucun concert, aucune exposition. Il intéresse ses enfants à ses passions (Le Soleil, significateur du Père, conjoint à Jupiter et Trigone Saturne, représente un géniteur solide, qui s’avère être à la fois un guide, un précepteur et un facteur d’épanouissement personnel puisqu’il est en I).

En 1941, (…) Lucien/Serge tombe gravement malade, il est atteint d’une péritonite tuberculeuse, mortelle à 99% à l’époque. (Pluton en Cancer, signe régissant l’estomac, carré au Soleil, la vitalité, carré à Jupiter, la digestion mais heureusement trigone à l’Ascendant, la santé, trigone à Mercure, maître de la Maison VI de l’artiste et trigone à Vénus. )

(…)En septembre 42 il se retrouve inscrit en 3ème, sa passion pour le Dessin et la Peinture commence à grandir (Conjonction Vénus/Mercure à l’Ascendant), fâché avec les maths (Carré entre Mercure et Saturne), il s’intéresse au latin et découvre avec délectation le récit de la conquête des Gaules par Jules César et les Poésies de Catulle. (L’intérêt pour les ouvrages historiques est indiqué par la Maison III, les livres, en Cancer, le passé, la poésie en général dépend aussi de la conjonction Vénus/Mercure représentant l’alliance des mots et de la beauté). Les résultats scolaires de Lucien à partir de la 1ère deviennent désastreux. Ainsi, malgré la peine et la déception causée à ses parents, il ne passera jamais son bac, à 17 ans il interrompt ses études, et se consacre à la peinture. Il peint dans sa chambre mansardée, toujours à la recherche de la perfection, jamais satisfait de lui-même (La Lune, maître de V, l’art, est en Vierge, signe aspirant à la perfection, et carré à Saturne, montrant l’insatisfaction personnelle). (…)Pour se faire quelques sous il gratte la guitare le samedi soir, dans les bals, les dancings, les noces (Neptune, significateur de la musique, est en VI, la Maison du travail obligé : Gainsbourg se considérera toujours comme un « gratteur » et non un compositeur)

Au printemps 47, à l’académie Léger, il rencontre celle qu’il épousera en 1951, Elisabeth Levitsky. Elle est belle sophistiquée, mannequin de mode. (Saturne transite alors sa Maison V, symbole d’un amour sérieux qui va s’officialiser lors du passage de Jupiter en I, les sentiments, et Saturne en VII, le couple)

(…)Le fantassin de deuxième classe Ginsburg a du mal à supporter la discipline militaire. (Dominante uranienne, Mars, significateur de l’armée en Verseau et en XII, Maison des épreuves et de l’emprisonnement) Pour avoir fait le mur et désobéi il se retrouve en prison pendant trois mois. Cet appel sous les drapeaux en novembre 1948 lui donne l’occasion de prendre goût aux vertus décomplexantes et désinhibitrices de l’alcool (Neptune, significateur de l’alcoolisme est opposé à Mars natal) mais il connaîtra là de grands moments de désespoir, ne supportant pas la promiscuité, il songe à déserter et souffre de cet univers clos et rustique. (Passage de Saturne sur la Lune, le foyer, le lieu où l’on vit) Enfin le 14 novembre 1949 le calvaire s’achève, fin du service militaire (Saturne sortait de sa Maison VI le 08 Novembre 1949), retour à la vie civile et à la peinture, la dèche est permanente. Il en bave, mais il est amoureux.

La jeunesse : Pluton

Ses premières chansons, Serge les composera vers l’age de 22 ans quand il occupe la fonction « d’éducateur » pour les enfants juifs et les jeunes rescapés des camps nazis, (…) il se prend au jeu, fait dessiner les enfants, leur fait des tours de magie, s’occupe de la chorale, il se montre doué pour captiver les jeunes pensionnaires. (Soleil conjoint Jupiter et trigone Saturne : des qualités d’éducateur héritées de son père ; Par ailleurs le foyer pour enfants rescapés est parfaitement illustré par Pluton, la survie, en Cancer symbolisant le foyer, la famille et le lieu de vie) en V , les enfants.) En septembre 1952, son père lui décroche un engagement au Milord l’Arsouille (…) où il rencontre Boris Vian. (…) Juliette Gréco dira d’eux : « Je pense que Serge et Boris sont frères quelque part : une même violence, une même retenue, un même mystère. Frères dans la dérision, la cruauté et la tendresse.  » (Paroles pleine de bon sens et confirmées par l’astrologie puisque les deux hommes partagent pas mal de similitudes : Vénus à L’Ascendant pour la retenue ; Soleil et Uranus en I pour la violence, Pluton en Cancer et en V pour le mystère). (…)Son mariage avec Elisabeth bat de l’aile, malgré sa timidité persistante et son physique peu avantageux Serge ne pense qu’aux femmes et sait les séduire (Pluton V). Durant l’année 56 le couple se délite, et le divorce à l’amiable sera prononcé le 9 octobre 1957 (Jupiter et Soleil opposé à eux-mêmes sur l’axe I/VII).

Gainsbar

En juin 1956, la lente métamorphose en Serge Gainsbourg se concrétise par la déclaration à la SACEM de 4 titres (Pluton, les métamorphoses, et Jupiter, le succès, conjoint à Neptune natal, la musique, en VI, le travail). A la même époque il se lie avec Françoise-Antoinette Pancrazzi qu’il épousera en 1964 et dont il divorcera en 1966. De leur union vont naître Natacha en 1964 (Uranus transitant sur Lune probablement) et Paul en 1968 (Saturne sur Soleil), conçu pendant une brève période de réconciliation.

La réussite difficile : Saturne et Jupiter

1959 est marqué par sa rencontre avec Boris Vian et Juliette Gréco. Elle s’intéresse à ses compositions et se trouve désignée pour lui remettre le grand prix du disque de l’Académie Charles Cros. Malgré cette distinction, et l’enregistrement d’un deuxième album chez Philips, le succès se fait attendre. A partir de Mars il entame une tournée qui sera un bide complet. (Jupiter et Saturne sont rétrogrades)

En septembre Gainsbourg croise Brigitte Bardot sur un tournage (…) et son premier succès L’eau à la bouche sort en janvier 1960 avec 100. 000 exemplaires vendus. (Jupiter, le succès, est alors conjoint à Saturne natal, symbole par excellence que le moment de récolter le fruit de ses efforts est venu. ) (…)On commence à l’apercevoir à la télévision de temps en temps.

L’Étonnant Serge Gainsbourg, son troisième album sort au printemps 1961. Il n’a pas encore trouvé son style, n’a pas fidélisé un public. (Jupiter en XII, les épreuves)(…) Son quatrième album, N°4, sort au printemps 1962 et se vend si mal, qu’il songe sérieusement à abandonner le métier. Il ne trouve pas sa place et sa Maison de disque ne se prive pas de le lui dire! Philips lui reproche de ne pas être « dans le vent » s’ensuivent 6 mois de dépression (Jupiter, toujours en transit en XII, est alors conjoint à Mars et opposé à Neptune).

Lassé de ne pouvoir s’adresser qu’à une élite, qu’à un public restreint, il veut à 36 ans, gagner de l’argent, (…) et la consécration intervient avec la chanson du gala de l’Eurovision (20 Mars 1965) Poupée de cire poupée de son interprétée par France Gall et écrite à l’instigation de Gilbert et Marité Carpentier. Le poète maudit aux ventes confidentielles n’a plus d’état d’âme. (Jupiter en II indique le succès financier, La Tête du dragon en conjonction avec elle-même représente l’accomplissement du destin, Mercure et Vénus, bientôt rejoint par le Soleil « activent » ces deux transits lents en venant se placer sur l’amas de la Maison I et plus particulièrement Jupiter. )

Cette année 65 va marquer un tournant dans sa carrière, les commandes affluent de toutes parts, Michèle Arnaud, Mireille Darc, Serge Reggiani, Anna Karina, Jean-Claude Brialy… Début octobre 1966, Brigitte Bardot enregistre deux titres qu’il a composés pour elle Harley Davidson et Contact. Ils enregistrent les deux titres et vont souper ensemble dans un petit restaurant de Montmartre… Elle fait le premier pas… il en tombe fou amoureux. . . (Soleil, Mercure, Vénus et Jupiter de l’actrice dans la Maison VII de Gainsbourg…impossible de rester indifférent !) Leur passion sera aussi intense que brève, Serge en sort accablé, détruit, suicidaire. Il tourne aussi beaucoup pour le cinéma. C’est en tournant que Serge rencontre celle qui va désormais marquer sa vie professionnelle et personnelle, Jane Birkin. En peu de temps ils vont s’apprivoiser pour ne plus se quitter pendant près de douze ans. (Avec la Maison VII en Vierge, Serge cherchait une vie de couple stable et un amour au quotidien)

Gainsbourg aura ensuite le succès et la longévité qu’on lui connaît, toutefois, notre étude ne s’arrête pas là puisque nous allons maintenant voir comment la personnalité astrologique de l’artiste parait à travers ses chansons et ses déclarations publiques.

Un karma d’orateur

Avec le Nœud Nord (destin) en Gémeaux (communication) et en III (les écrits, les paroles), on ne s’étonnera guère que Gainsbourg ait passé sa vie à s’exprimer… Mais que disait-il au fait quand il parlait de lui-même ? ses différentes tendances étaient-elles visibles ?

Déclarations

–  » Gainsbarre n’a pas besoin d’être nécessaire, il est là, c’est l’être vivant qui est libre de ses sarcasmes, de ses conneries et de ses humeurs ». (Uranus dominant en Bélier) –  » Je suis celui-ci et l’autre et je m’entends très bien entre nous. . . (Mercure dominant) je me flingue pour renaître, c’est une quête d’absolu que je ne trouve pas (Pluton en V); c’est pourquoi je prends tout à la dérision. (c’est à nouveau le mercurien qui parle ici) « .

–  » Je ne peux pas penser qu’une projection du moi sur une scène, du moi tel que je suis, pouvait marcher. Là je me sens brimé. Mais c’est quand même emmerdant , pour un gars qui veut créer quelques choses, de se sentir brimé. (Lune dominante en Vierge) « .

 

Dédoublement mercurien

–  » Je ne suis pas un cynique comme d’aucuns le prétendent, non, je suis un romantique, je l’ai toujours été. (Vénus/Poissons dominant)Tout jeune garçon, j’étais timide et romantique. Je ne suis devenu cynique qu’au contact de mes prochains qui m’aggressaient (Aspect dominant Lune opposée Vénus/Ascendant) sur ma laideur et sur ma franchise. (Amas bélier/I) « .

–  » Moi je corresponds à ce que les gamins aimeraient être : Marginal, un peu anar, mais pas too much, et c’est un luxe d’être marginal (Uranus/Soleil) ».

Illustrations astrologiques…en chansons

Bien évidemment, ces tendances affleurent aussi à la surface de ces chansons. En voici quelques extraits classés selon les principaux schèmes de personnalité de l’artiste :

Uranus/Jupiter/soleil en bélier et I :

« Harley David son of a bitch Si tu veux pas que j’te bute Harley David son of a bitch Faudrait m’la rendre et vite fait »

(harley David son of a bitch)

« On prétend que nous tuons De sang-froid C’est pas drôl’ Mais on est bien obligé De fair’ tair’ Celui qui se met à gueuler »

(Bonnie and Clyde)

Mercure conjoint Ascendant :

« Promenons-nous dans le moi Pendant qu’le vous n’y est pas Car si le vous y était Sûr’ment il nous mangerait »

( Ce grand méchant vous)

« Docteur Jekyll il avait en lui Un Monsieur Hyde qui était son mauvais génie Mister Hyde n’disait rien Mais en secret n’en pensait pas moins »

( Dr Jekill)

Vénus opposé Lune sur l’axe Ascendant/Descendant :

« Je m’suis fait faire 3 millions de Joconde Sur papier-cul Et chaque matin j’emmerde son sou- Rire ambigu C’est ainsi que je me venge de tou- Tes les nanas Qui m’ont baisé avec leur sou- Rire d’Mona Lisa »

(3 Millions de Joconde)

« Je t’aime oh, oui je t’aime! moi non plus oh, mon amour. . . »

(Je t’aime, moi non plus)

Mercure conjoint Vénus sur Ascendant :

« J’étais fait pour les sympathies L’amour en bagnole, les mensonges teintés d’ennui, les jeux de cartes biseautées, antipathie et sympathie. J’étais fait pour ça. J’étais fait pour les sympathies À la rigueur des tas d’amis J’étais fait pour ça Non pas pour l’amour »

(J’étais fait pour les sympathies)

« Mais dans ce mouvement perpétuel, de l’appétit au dégoût, de l’appétit au dégoût et du dégoût à l’appétit, on ne laisse pas de se divertir par l’image d’une liberté errante. Tu sais de qui c’est ? non ? Bossuet. »

(Un poison violent, c’est ça l’amour)

 

Tous droits réservés Philippe REGNICOLI

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