Sergio Leone est incontestablement devenu un nom incontournable du cinéma tant son œuvre, très personnelle et intimiste, a profondément influencé le septième art. Doté de moyens dérisoires face à la colossale industrie cinématographique hollywoodienne, Leone n’en a pas moins imposé sa patte, son style, révolutionnant du même coup le genre western qui connut un « avant Leone » (western traditionnel représenté par John Ford et John Wayne) et un « après Léone » puisque celui-ci a fait école. Après avoir commenté astrologiquement sa biographie, nous allons voir que Leone fut un artiste authentique dans le sens où, comme tous ceux qui marquent durablement leur art, il se livra énormément dans son travail et que son thème est donc particulièrement révélateur tout à la fois de l’homme et du créateur. Nous analyserons notamment les thèmes récursifs de son œuvre en les mettant en parallèle avec les positions fortes de son horoscope. Enfin, nous verrons à travers quelques comparaisons de thème (synastries) combien certaines collaborations (Eastwood, Morricone) étaient évidentes, prévisibles, voir karmiques.
Thème et dominantes
Sergio Leone est né le 3 janvier 1929 à 00h30 à Rome.
Les dominantes du thème sont :
1/ Pluton (culminant) 2/ Lune (conjoint ASC) 3/ Soleil/Mercure (encadrant FC) 4/ Uranus (Conjoint DSC)
Notons également l’importance de l’opposition Saturne Sagittaire III/Mars Gémeaux IX du fait de son exactitude (181°).
Astro-Biographie commentée
Sergio Leone est le fils de Brice Valerian, actrice (Lune en Balance I) et de Vincenzo Leone, metteur en scène (soleil en Capricorne III). Celui-ci voit sa carrière limogée pour avoir exposé ses convictions anti-fascistes et se met alors à travailler en collaboration (Maison III) avec de nombreux cinéastes engagés (l’engagement est une valeur très capricorne). Très tôt fasciné par le travail de son père (le soleil conjoint au FC donne toujours une grande importance à l’image paternelle et donne fréquemment envie de « suivre les trace du père »), Sergio Leone l’assiste sur la plupart de ses tournages et devient en 1945 le plus jeune assistant réalisateur d’Italie. Uranus, significateur du cinéma est dominant en VI (le travail) dans le thème natal de Léone. De plus, en cette année 45, Jupiter transite l’Asc. Balance/Lune de Leone indiquant sans nul doute une expansion de notoriété, de popularité, bref, une reconnaissance sociale (Jupiter sur l’ascendant, surtout ici en Balance) liée à la créativité et à la possibilité de « nourrir » un public (Lune). On notera que ce premier pas franchi se fait en tant que collaborateur, en tant qu’assistant, ce qui est dans l’essence de son Jupiter natal puisque celui-ci se trouve en VII : l’action jupitérienne est donc bien prédéterminée par le radix et la réussite se fait donc ici par association.
Leone travaille ensuite avec des réalisateurs comme Vittorio De Sica ou Luigi Comencini mais aussi avec les « hollywoodiens » Robert Wise et Raoul Walsh. La collaboration au-delà des frontières natales est clairement indiquée dans son thème par Neptune (le lointain) en Vierge (travail) en XI (les groupes, les collaborations mais aussi le cinéma puisque la XI est en analogie avec Uranus). Littéralement, Neptune Vierge XI nous parle donc de « collaborations professionnelles en dehors des frontières et dans le cadre du cinéma ».
En 1959, il participe à Ben Hur, gigantesque projet de William Wyler. Cette implication placera définitivement Leone dans la cour des « grands » et lui vaudra le respect des studios Cinecitta. La même année, il assiste Mario Bonnard sur Les derniers jours de Pompei, dont il a co-écrit le scénario. Le tournage vire au désastre, Bonnard tombe malade, et Leone est appelé pour reprendre la fin du film. Le pas est franchi. Cette année 1959 est donc décisive pour sa carrière. Comment cela se traduit-il astrologiquement ? Trois positions fortes devront au moins être relevées :
Saturne, après être revenu sur lui-même (ce qui est toujours un cap vers la maturité et l’affirmation de soi) transite le soleil de Leone : cette conjonction de transit indique clairement qu’il est « temps de prendre ses responsabilités », que Leone va devoir être confronté à la solitude, qu’il va devoir réussir par lui-même, sans soutien. Il y réussira très bien.
En second lieu, Uranus transite en Maison X. Uranus apporte toujours des situations inattendues, des opportunités demandant de réagir et de s’adapter rapidement. Il passe ici dans la maison de la carrière et traduit bien « la chance » qui se présente à Leone qui doit remplacer au pied levé Bonnard.
Enfin, le Nœud Nord , facteur de destinée essentiel, traverse le secteur I, celui de l’affirmation personnelle, des décisions personnelles : Il vient donc renforcer le transit saturnien puisqu’il agit dans le même sens, celui d’une nécessité à se débrouiller seul, de s’affirmer en tant, non plus que collaborateur, mais que leader.
En 1961, il réalise son premier film, Le Colosse de Rhodes, dans lequel on voit apparaître les prémices de son style qui le démarque des autres films du genre. En 1962, il assiste Robert Aldrich sur le tournage de Sodome et Gomorrhe, mais ne sera jamais crédité au générique.
Ceci est fort intéressant : karmiquement, cette volonté d’à nouveau collaborer est considéré comme une régression et Leone est en quelque sorte « puni » de ce retour en arrière par l’ingratitude avec laquelle on le traite. Il décide d’ailleurs, suite à cette mésaventure de ne plus se consacrer qu’à ses propres projets, et cherche un nouveau genre, de nouvelles idées. Une prise de conscience définitive a donc eu lieu, prise de conscience directement imputable au transit du Nœud Nord en X (destinée de la carrière) carré à Jupiter VII (les associations, la réussite en collaboration).
C’est ainsi qu’en 1964 il réalise Pour une poignée de dollars sous le nom de Bob Robertson, en hommage à son père. Notons toutefois ici que Leone ne renie par pour autant son Jupiter VII puisque ce film est un remake d’un film japonais : Leone parvient donc à concilier la chèvre et le chou : il continue à « collaborer » (dans le sens travailler avec un autre) tout en acceptant de mener sa barque seul, d’assumer ses responsabilités de leader. On notera qu’en cette fin d’année 1964, Jupiter passe sur le Nœud Nord natal, configuration astrale qui traduit presque invariablement une réussite, un accomplissement qui aura des répercutions durables sur la vie entière. En l’occurrence, ce film lance définitivement la carrière de Leone.
Les thèmes dans le thème : Pluton et la Lune
Le style Leone s’impose en quatre films devenus les références du genre « western spaghetti » (terme que Leone n’affectionnait guère): Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le Bon, la brute et le truand (tous trois avec Clint Eastwood, qui débute ainsi sa carrière) et Il était une fois dans l’Ouest (Bronson, Fonda, Cardinale).
En dehors des techniques développées sur lesquelles nous ne nous arrêterons pas (utilisation du Cinémascope, de focales courtes, de gros plans, de travelling arrière), le style Leone repose aussi sur un certain nombre de thématiques récursives, de Leitmotivs que vous allons par contre étudier en détail tant ils sont révélateurs des cinq dominantes du thème natal.
Le cynisme, la cupidité et la vengeance : Pluton Cancer
Un Pluton fort en Cancer nous parle de souvenirs tourmentés, d’enfance douloureuse, de remise en question et de deuils familiaux. Si la biographie de Leone ne laisse rien filtrer à ce sujet, du moins a-t-il parfaitement exprimé ces tendances dans ces films. Quoi de plus représentatif en effet que l’histoire poignante d’Il était une fois dans l’Ouest où un homme pourchasse sa vie durant les assassins particulièrement sadiques de sa famille ? Car Pluton en Cancer pousse aussi, précisément parce qu’il rend les souvenirs traumatisants vivaces, à entretenir des rancunes éternelles et à accomplir des vengeances parfois plusieurs années après les événements.
Pluton en Cancer, c’est aussi un certain sens de l’humour, du cynisme. C’est une position qui pousse à voir la réalité dans toute sa crudité, sans faux-semblants. L’ensemble des films de Leone ont avant tout marqué le public par leur réalisme provocateur : les héros en sont crasseux, intéressés et eux-mêmes cyniques autant que cupides. Car c’est toujours la cupidité qui motivent les personnages de Leone, les « bons » comme les « mauvais ». Ici, le réalisateur expose et exploite une tendance sans doute innée mais transcendée (par l’art justement) car Pluton en Cancer peut aussi incliner à l’avidité, au besoin de posséder pour se rassurer, pour se sécuriser. Pluton en Cancer a toujours un mauvais penchant à corriger, celui d’une âpreté maladive, d’un besoin impératif de s’approprier.
La misogynie : La lune carré en T Pluton et Soleil
Les films de Leone, c’est aussi des films « d’hommes ». Les femmes y sont peu présentes et bien que toujours attrayantes (Lune en Balance), ce sont souvent des catins, des égarées, des prostituées… Dans le thème de Leone, la Lune dominante est en effet carré à Pluton dominant et au soleil dominant : on a ici un carré en T dominant dont la Lune est la planète focus. On peut donc gager que la créativité de Leone (Soleil) comme son subconscient (Pluton) sont profondément et négativement marqués par les valeurs maternelles, féminines (Lune). On sait très peu de choses sur sa mère. On connaît par contre la fascination pour le père. Sans doute Leone a-t-il toutefois traduit ses sentiments enfantins vis-à-vis de sa mère dans ses films et on peut dès lors supposer que Brice Valerian, actrice, fut perçue par son enfant comme une femme superficielle, décevante envers laquelle fut sans doute nourri un complexe d’Œdipe mal dépassé (Lune carré Pluton). Les luminaires étant eux-mêmes en carré, on peut également supposer de nombreuses dissensions dans le couple parental, dissensions qui amenèrent Leone à faire un choix entre son père et sa mère. Par ailleurs, la figure du carré en T est extrêmement dynamique et induit une hypercréativité chez le réalisateur qui parvient à amener à la surface (Soleil) tous ces fantasmes et ses émotions (Pluton et Lune). Il n’échappe cependant pas à la misogynie propre au thème dans lesquels une Lune dominante est en aspects tendus avec des planètes « sexuées » : Soleil, Mars et Pluton (mais aussi la Lune noire).
Les thèmes dans le thème : Uranus, soleil / mercure
L’individualisme exacerbé : Uranus Bélier
Les films de Leone mettent aussi en scène une série de Héros non seulement solitaires mais profondément individualistes et souvent singuliers, excentriques ou même bizarres. On est ici dans le registre uranien, registre largement amplifié par la position en Bélier (signe très personnel et égocentré) et la conjonction au Descendant. On glisse ici de la misogynie à la misanthropie : Les héros de Leone sont des gens motivés par leurs intérêts personnels et si jamais ils font le bien, c’est par accident, parce que les circonstances s’y prêtent. Le destin de l’uranien est en effet à la fois celui d’un individu à part entière (censé développer son originalité et vivre de façon « hors-norme ») mais aussi celui d’un instrument collectif et c’est tout à fait là les vies de nos héros leonesques : ils bouleversent l’ordre des choses parce qu’ils empruntent des chemins peu fréquentés et agissent à leur guise, selon leur bon vouloir et leurs intérêts.
Le Héros vagabond et impassible: Soleil / Mercure Capricorne
Les héros de Leone ont aussi ça de particulier qu’ils sont à la fois des héros solaires par définition (hyper virils, sans peur, puissants, courageux, volontaires) mais aussi des héros très mercuriens. En effet, les personnages principaux de Leone ont aussi un cerveau. Ils sont rusés, malins, rapides, sans cesse en déplacement, toujours un peu escrocs sur les bords : autant de qualificatifs propres aux Gémeaux et à Mercure.
On retrouve donc ici la conjonction dominante Soleil/Mercure mais cette conjonction se trouve en Capricorne, ce qui n’a rien d’anodin : La capricorne est froid, ambitieux, patient et persévérant tout comme les héros de Leone qui sont prêts à beaucoup sacrifier, à endurer tortures et blessures pour parvenir à leurs fins, lentement mais sûrement.
Les héros de Leone, s’ils sont solaires par leurs présences et leurs charismes, s’ils sont mercuriens par leurs procédés et leurs vagabondages, sont aussi marqués par Saturne (par le Capricorne) qui les rend dépassionnés, distants, calculateurs et flegmatiques.
Les thèmes dans le thème : Saturne et Mars
Les silences évocateurs: Saturne III / Mercure Capricorne
Le style Leone, c’est aussi les gros plans et les plans larges interminables, qui s’étendent, s’éternisent. Le style de Leone, c’est surtout les silences qui en disent long, les regards et les gestes qui remplacent les mots et les dialogues. Saturne en III inhibe en effet la parole, oblige à concentrer l’expression jusqu’au dénuement, jusqu’au mutisme. Saturne en III est la position par excellence des gens économes de leurs paroles, taciturne, reclus dans leur for intérieur. Et ainsi sont les héros et les films du réalisateur italien. La volonté d’épurer le dialogue en le débarrassant de tout ce qui est superflu, en le remplaçant par une chorégraphie immobile (Mercure Capricorne) où tout semble se dérouler au ralenti est ici particulièrement représentative du mélange Saturne/Mercure.
La maison III nous indiquant également comment on raconte les histoires, ne nous étonnons pas que Leone ait joué avec le temps (Saturne est maître du temps), utilisant tout à la fois des procédés d’accélération (ellipses narratives) et de ralentissement (long travelling, gros plan fixe).
Violence glaciale et haine réprimée : Opposition Saturne / Mars.
Enfin, le dernier thème récursif du cinéma leonesque est le traitement spécifique de la violence et de tous les élans pulsionnels : les sentiments des personnages semblent toujours bridés, sévèrement contrôlés pour finir par exploser avec intensité : le sexe comme le meurtre semblent vécus comme de brusques bouffées instinctives devenus impossibles à maîtriser tant ils ont été contenus. Ils sont en cela libérateurs car les films de Leone distillent lentement une tension qui devient insoutenable et qui finit par exploser avec un effet cathartique. On est clairement là dans la dialectique de l’opposition Saturne/Mars représentant une oscillation douloureuse entre Self-control et pulsions, entre raison et instinct.
A propos du film Le bon, la brute et le truand
On pourra remarqué avec amusement que dans ce film, la carré en T de Leone s’exprime dans sa totalité à travers les trois protagonistes : Le bon étant l’expression de la Lune à l’ascendant, la brute celle de Pluton au MC et le truand, celle de Mercure au FC.
Collaborations et conclusions
Sergio Leone, c’est aussi l’homme des collaborations fidèles…et réussies ! Cela est évidemment imputable à la très belle position de Jupiter (sextile Mars et Vénus et formant un Grand trigone avec Neptune et Saturne). Notons par ailleurs que Jupiter, maître de la III en Sagittaire, a sans doute largement sociabiliser Leone qui aurait potentiellement être pu être un vrai reclus du fait de l’opposition Saturne/mars dans l’axe III/IX.
Il est évidemment deux hommes qu’on est obligé d’évoquer quand on traite du cas Leone : Clint Eastwood, acteur fétiche qu’il su « découvrir » (comme on dit) et Ennio Morricone qui composa les musiques de tous ces films.
Au sujet de Clint Eastwood, nous vous renvoyons à l’article qui lui est consacré. Nous remarquerons d’emblée que l’Uranus de l’acteur tombe exactement sur le Descendant du réalisateur, ce qui favorise évidemment un partenariat cinématographique puisque, rappelons le, Uranus est significateur du cinéma tandis que le descendant (et la VII dans son ensemble) concerne les associations, les unions, les partenariats. Mais l’importance de la rencontre des deux hommes ne s’arrête pas là puisque qu’elle est clairement karmique : Le Nœud Nord d’Eastwood est étroitement conjoint au Jupiter de Leone indiquant que ce dernier avait un rôle de guide, de protecteur et de « pourvoyeur d’opportunités » à jouer auprès du jeune acteur qui allait voir sa carrière commencer grâce à Leone. Notons aussi que la durabilité et la force de leur partenariat est indiqué par la conjonction du Saturne de Eastwood avec la conjonction Soleil/Mercure de Leone, conjonction en Capricorne et venant donc rencontrer son maître Saturne par le biais de la synastrie.
Voyons maintenant ce qu’il en est de Morricone. Le compositeur est né le 10 novembre 1928 à 22h25 à Rome. D’emblée, on remarquera que le Jupiter culminant du musicien tombe dans la maison VII de Leone, elle-même occupée par Jupiter… et rendant donc particulièrement propice les partenariats avec les jupitériens.
La solide amitié mais aussi la profonde compréhension qui a uni les deux hommes est quant à elle indiquée par la conjonction de la Vénus V (goût esthétique) de Morricone au Saturne III (l’expression) de Leone : on a ici une très jolie position exprimant une grande complicité entre deux créatifs. D’ailleurs, l’ascendant et la Lune du réalisateur tombe en maison III chez le compositeur, autre indice fort de leur faculté à communiquer au niveau émotionnel et artistique. Les deux hommes étant né a quelques semaines d’intervalles, beaucoup de positions planétaires leurs sont bien sûr communes et signent, avec les facteurs qui viennent d’être évoqués, une osmose de pensée indéniable.
Conclusions
Sergio Leone a marqué de manière indélébile le septième art, utilisant de manière remarquable la physionomie de ces acteurs (l’aspect plastique de ses films est bien indiqué par la Lune en Balance) et créant une symbiose inégalée entre musique et image. On doit sans doute cette symbiose à la présence de la Vierge en maison XII et de Cérès en Poissons : réception réciproque évoquant un équilibre subtil entre le travail analytique de type cérésien –notamment au niveau du découpage des séquences- et l’émotion musicale propre à Neptune et aux Poissons.
En réinventant le western et en osant s’attaquer à l’industrie hollywoodienne dans son genre de prédilection, Sergio Leone a accompli son destin. En effet, le Nœud Nord en Taureau et en VIII le missionnait pour transformer radicalement (VIII) ce qui existait et était tenu pour acquis (Taureau), autrement dit, pour créer quelque chose de profondément nouveau à partir de ce qui existait déjà.
Tous droits réservés Philippe REGNICOLI
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merci pour cet article je vais me délécter les neurones moi qui adore le théatre, les spectacles et le 7ième art et vu que j’ai été bercée par lui,( mon père lui vouait un culte),je vais pouvoir regarder ce qui se tramer derrière le rideau noire..et oui j’adore les coulisses..pas pour rien que j’ai choisi comme pseudo scaramouche..