La mythologie, un code secret pour l’astrologie

La renommée du héros grec Héraclès (Hercule) nous est parvenue à traverser le temps et lorsque l’on dit d’un homme, « c’est un Hercule », on sous-entend par là qu’il est fort, très fort. Alors qu’on pourrait penser que la culture gréco-romaine ne concerne que les plus âgés d’entre nous, une petite recherche rapide sur des titres d’ouvrages éponymes nous ramène irrésistiblement dans les rayons spécialisés pour la jeunesse… Qu’est-ce qui fait de cet Hercule un être aussi exemplaire auquel chacun de nous peut s’identifier et qui dépasse le seule modèle du culturiste physique?

L’initiation en 12 leçons

Pour tout dire, parmi tous les héros de la mythologie grecque, aucun ne me semblait plus décevant (excepté Achille, peut-être…) que ce « fier-à-bras » dont le seul mérite semblait une fâcheuse propension à faire étalage de sa force en toute occasion… Aussi lorsque j’appris qu’aux yeux de certains il était tenu pour un « initié », je suis restée assez dubitative. Une brute ? Initiée ? Mais à quoi diable ? C’était avant d’apprendre que le parcours d’initiation était amplement pluriel, avant que mon inconscient compatissant ne m’envoie quelques rêves secourables afin de me dégrossir, et avant de réaliser que le retentissement toujours sonore de ce héros était très probablement dû au fait qu’il pouvait représenter celui qui prend la première des initiations, à savoir la maîtrise du corps physique. Où le muscle était métaphore.

Nous allons voir que même une modeste réflexion sur les Travaux nous autorise bien davantage de compréhension. Nous pouvons être amenés à cerner un peu plus tangiblement ce qu’une initiation représente, et pas seulement sur le plan physique. Nombre d’entre vous constateront peut-être qu’ils sont déjà actuellement en train d’accomplir leurs Travaux, mais sans nécessairement leur donner ce nom.

Hercule

Dans les pages qui vont suivre, après une brève présentation d’Héraclès, je proposerai tout d’abord une recherche personnelle d’association des douze Travaux aux douze signes du Zodiaque. Cette idée est venue d’un cours d’astrologie, reçu il y a plusieurs années, et qui m’a permis de me livrer à cette expérience. Je l’ai trouvée si féconde que je ne l’ai jamais oubliée. Car elle m’a enseignée qu’il pouvait y avoir de la profondeur là où je n’en voyais pas, et à entraîner mon intuition de façon ludique. Le sujet en soi n’est cependant pas nouveau, bien d’autres (et des plus émérites) s’y sont déjà bellement employés. Je ne prétends pas qu’ils se sont trompés. Et je leur consacrerai la dernière partie de l’article, notamment au travail d’Alice Bailey.

Alors maintenant, devinez ? Héraclès, c’est nous. Mais oui. Voyons comment.

Aperçus biographiques du héros

De prime abord, il pourra nous être difficile de trouver des voies d’identification à Héraclès. Je gage que la dernière fois que vous avez tué un lion à mains nues ne date pas d’hier… Avant d’en venir aux épreuves proprement dites et à la proposition de quelques pistes pour les associations, remontons dans le temps et plantons le décor.

Si vous avez manqué le début Zeus, le maître de l’Olympe qui règne sur les Dieux a décidé de s’unir à une autre mortelle : la belle, vertueuse… et très mariée Alcmène. Pour parvenir à ses fins, il use de magie de sorte que la belle le prenne pour son époux légitime, Amphitryon.

Cette seizième incartade agace prodigieusement Héra, l’épouse de Zeus : elle prend fort mal l’annonce de la future maternité d’Alcmène. Pour sa part, empli de paternelle et mâle fierté, Zeus prédit « au prochain descendant de Persée », un destin de roi exceptionnel. Point décidée à se laisser faire, Héra pipe les dés selon ses moyens et hâte la naissance du petit Eurysthée, cousin de l’enfant à naître et tout autant que lui « descendant de Persée ». Eurysthée étant alors né le premier, le destin de roi lui échoit, et par là échappe au fils de Zeus qui s’appelle encore Alcide.

Alcide n’est pas né seul : il a un frère jumeau nommé Iphiclès qui est l’enfant d’Amphitryon comme il est celui de Zeus. Toujours prête à venger l’affront insupportable que représente ce bébé, Héra lui envoie au berceau deux gros serpents. Tandis que son jumeau rampe peureusement pour sauver sa vie, Alcide étouffe les deux reptiles sans autre forme de procès, avant de reprendre tranquillement sa sieste : une légende est née.

Le surnom d’Héraclès (signifiant « la gloire d’Héra ») lui échoira plus tard, donné soit pour tenter d’amadouer la terrible déesse, soit par simple dérision. L’enfant, puis le jeune homme, reçoit en grandissant une éducation soignée. Grâce à son courage et sa force extraordinaire, il fait très vite parler de lui dans le premier de ses hauts faits : il tue le lion de Cytherion, et déjà, se recouvre de sa peau, et de sa tête en guise de casque. En remerciement d’autres actes de bravoure, le roi Créon lui offrit en mariage sa fille Mégara, dont il aura plusieurs enfants.

Malgré le temps qui passe, Héra n’a cependant rien oublié, et à l’imitation de « Jupiter qui rend fou ceux qu’il veut perdre », elle frappe Héraclès de folie : il tue ses propres enfants ainsi que ceux de son jumeau…

Un symbole de l’initiable

La responsabilité

Les Grecs (entre autres) ne possédaient pas notre manière d’appréhender les passions ou les pulsions qui s’avère assez moderne au regard de l’histoire. Ils considéraient les Dieux extérieurs à eux-mêmes et responsables de la plupart de leurs comportements. Par exemple, lorsqu’ils tombaient amoureux, c’était la flèche d’Éros qui causait le sentiment, ou bien encore la volonté d’Aphrodite.

Aussi, culturellement parlant, Héraclès n’est pas complètement tenu pour responsable des meurtres perpétrés sur sa famille. Pourtant, une fois rendu à la raison, il entame un processus de purification et décide de se rendre à Delphes pour consulter l’oracle. Elle lui conseille de se mettre à la disposition de son cousin Eurysthée pendant douze ans, et d’accomplir tous les combats et exploits qu’il lui demandera. Zeus intervient alors de nouveau pour arracher à sa moitié la promesse que si Héraclès ressortait victorieux de toutes ces épreuves, il deviendrait alors immortel (l’égal des Dieux) et épouserait leur fille Hébé, déesse de la Jeunesse… Héra accepte du bout des lèvres. La suite montrera qu’elle n’a nullement l’intention de le regarder s’en sortir en restant les bras croisés.

Le choix volontaire

Héraclès qui se couvre ainsi de la peau du lion peut-il être le symbole de l’ego initiable ? Après les hauts faits (Sagittaire), le meurtre (Scorpion), le retour à un certain équilibre (Balance), suivi d’une purification (Vierge), désormais en quête de rédemption, il se soumet aux épreuves de sa propre volonté (Lion).

On notera avec intérêt que la déesse Héra dont il tirera son surnom, agit envers lui comme une véritable « providence maléfique », assez semblable dans l’esprit, à nos carrés d’astrologues. Toujours sur son chemin, à semer les embûches… Et le poussant sans cesse à se dépasser… en réalité pour son plus grand bien. Les amitiés ou inimitiés personnelles entre les Dieux et les mortels abondent dans la mythologie. On peut remarquer ici une nette différence de style entre Héra et Athéna, la déesse tutélaire d’Ulysse, qui aidera son champion en de nombreuses occasions lors de ses pérégrinations autour de la Méditerranée. Bien que les travaux d’Héraclès aient souvent nécessité le recours à une certaine astuce, on a plutôt l’impression de changer de plan d’un héros à l’autre, et de passer de la force physique à la ruse, ou du muscle au cerveau.

La fin du héros

En dehors des Travaux qui seront présentés ci-après, Héraclès connaîtra bien d’autres occasions de faire parler de lui. Je ne les évoquerai pas ici dans un souci de conserver une certaine concision à cet article.

La mort du héros fait intervenir un autre centaure que son précepteur Chiron : Nessus. Ce dernier avait prémédité de longue date sa vengeance contre Héraclès qui l’avait combattu lors de l’épisode du massacre des centaures (où Chiron fut blessé accidentellement lui-même). Nessus avait raconté à Déjanire, la seconde femme d’Héraclès, qu’elle s’assurerait de la fidélité de son époux en lui faisant porter une tunique préalablement trempée dans son sang.

« Fille du vieil Oenée, ô ma dernière passagère, cette aventure te portera bonheur si tu consens à m’écouter. Recueille du sang coagulé de ma blessure, mêlé au noir venin de l’hydre de Lerne dont la flèche est imprégnée, et tu possèderas un charme d’amour si puissant sur l’esprit d’Héraclès que jamais il ne chérira aucune femme plus que toi. » (Sophocle, Les Trachiniennes, trad., R. Pignarre, Paris, 1964)

Plus tard, lorsque Déjanire, se sentant moins désirée, et jalouse d’une jeune concubine, résolut d’user de ce procédé, la tunique brûla la peau d’Héraclès comme un acide. Souffrant mille morts, il se fit dresser un bûcher et se jeta dans les flammes. Sur le mont Olympe, une nouvelle vie l’attendait.

Les épreuves

La question de l’ordre mythologique

Les quelques sources que j’ai pu rassembler ne sont pas toutes d’accord sur l’ordre dans lequel les épreuves d’Héraclès se sont déroulées. Une pratique régulière des récits mythologiques nous habitue à l’évocation d’un temps assez peu linéaire, où les anachronismes et diverses variantes sont légion. Je reproduis ci-après celui que j’ai trouvé cité le plus fréquemment :

1. L’extermination du lion de Némée 2. La destruction de l’hydre de Lerne 3. La capture de la biche du mont Cérynie 4. La capture du sanglier d’Erymanthe 5. Le nettoyage des écuries d’Augias 6. L’élimination des oiseaux du lac Stymphale 7. La capture du taureau de Crète 8. La capture des juments de Diomède 9. La prise de la ceinture d’Hyppolytê 10. La capture des bœufs de Géryon 11. La cueillette des pommes d’or du jardin des Hespérides 12. La destruction de Cerbère, le gardien des Enfers

Cependant pour faciliter le repérage aux lecteurs astrologues, l’ordre de description des épreuves que j’utiliserai ci-après reproduira le sens de rotation du Bélier aux Poissons.

1/Bélier : La capture des juments de Diomède

Héraclès reçut l’ordre de se rendre en Thrace, afin de capturer les juments de Diomède. Diomède était fils du cruel Arès et régnait sur un peuple de sauvages. Il possédait quatre cavales qui vomissaient le feu et auxquelles il jetait en pâture les étrangers que la tempête rejetait sur ses côtes. Héraclès débarqua en Thrace et se dirigea vers les écuries de Diomède. Il assomma les valets qui pansaient les cavales, se saisit de Diomède et le donna en pâture à ses propres juments, lui faisant ainsi subir le sort qu’il avait fait endurer à de si nombreux naufragés. Lorsqu’elles se furent repues de la chair du roi de Thrace, les juments se laissèrent docilement capturer et Héraclès put les conduire auprès d’Eurysthée.

Commentaires :

Une des épreuves les moins faciles peut-être à appréhender. Comment rattacher une jument anthropophage au signe du Bélier ? Seule l’indication de bêtes « entraînées pour la guerre » et l’indication (opportune) de l’ascendance de Diomède (fils de Arès-Mars) peut nous mettre sur la voie. Le Bélier étant symboliquement relié à la tête, ces « cavales noires » peuvent être en effet les pensées destructrices qui courent sous nos crânes. L’astrologie ésotérique attribue Mercure comme régent du Bélier, ce qui peut aider au rapprochement de ce signe avec la pensée. Autre piste possible : l’attitude fière d’Héraclès et un peu « inconsciente ». Dans l’extrait rapporté le mythe est très condensé, une version plus longue montre le héros perdant son ami Abris car il a refusé d’envisager que la reconduite des juments était un travail difficile et dangereux dont il aurait dû s’acquitter lui-même. À l’instar du Bélier de base, Héraclès ici « Épiméthée » s’est montré fort imprévoyant. Par ailleurs, la psychologie relie plus volontiers le cheval avec la libido : « Les chevaux, force motrice, représentent la libido, énergie animatrice, la passion, puissante motivation des actes de l’homme ». Une définition qui détonne peu au voisinage du Bélier martien

2/Taureau : La capture du taureau de Crète Eurysthée ordonna à Héraclès de ramener le taureau de Crète. Minos, roi de Crète, avait promis à Poséidon, le dieu de la mer, de sacrifier en son nom ce qu’il ferait sortir des flots. Poséidon fit émerger des vagues un taureau d’une telle beauté et d’une telle majesté que Minos ne put se résoudre à le sacrifier. Trahissant sa promesse, il captura le taureau et le dissimula dans ses propres troupeaux. Outré de cette déloyauté, Poséidon rendit l’animal furieux. Le taureau devint alors la terreur du pays. Lançant des flammes par les naseaux, il détruisit les récoltes et brûla les champs. Héraclès aborda en Crète. Dès qu’il vit l’animal, il fonça sur lui, l’empoigna par les cornes et le força à plier les jarrets. Le taureau résistait, mais Héraclès sortit victorieux de ce combat titanesque, il maîtrisa l’animal à l’aide d’un filet et le porta, en traversant la mer, jusqu’aux pieds d’Eurysthée. Commentaires :

Encore une association facile, à peu près autant que celle du Lion de Némée… Bien que le héros soit ici Héraclès et qu’il ait réussi l’épreuve, on connaît surtout ce Taureau de Poséidon pour les déboires qu’il causa au roi Minos et à sa famille. La Crête est par ailleurs connue comme le berceau d’Aphrodite (Vénus). Je ne m’étendrai donc pas sur ce climat, il suffit de souligner l’aventure de Pasiphaé (épouse de Minos) qui conçut pour le taureau une « terrible passion » dont le résultat engendra le Minotaure au corps d’homme et tête de taureau. Héraclès se présenterait alors comme celui qui a triomphé des désirs et des passions, en les maintenant enserrés dans un filet – maillage large mais qui retient étroitement ce qu’il contient pour peu que cela ne soit pas trop petit.

3/Gémeaux : L’élimination des oiseaux du lac Stymphale :

Pour son sixième travail, Héraclès fut mis au défi par Eurysthée de détruire les oiseaux du lac Stymphale. Ces oiseaux monstrueux vivaient en Arcadie au milieu d’un marais couvert d’épines et de broussailles. Ils attaquaient les gens du pays en se servant de leurs plumes aux pointes d’acier comme flèches et se repaissaient de chair humaine. Leur bec, leurs serres et leurs ailes étaient d’airain. Non contents de dévorer hommes et troupeaux, les voraces volatiles dévastaient les jardins et souillaient les récoltes. Perplexe, Héraclès ne savait que faire lorsque Athéna lui apparut et lui remit une paire de cymbales, faites du même métal que le bec, les pattes et les ailes des oiseaux et forgées par Héphaïstos, le dieu du feu. Il se posta sur une montagne voisine et fit un vacarme assourdissant, débusquant ainsi les oiseaux affolés. Ces derniers s’enfuirent à tire-d’aile, ce qui permit à Héraclès de les abattre de ses flèches. Commentaires : Ici on retrouve une étendue d’eau. Où vivent les oiseaux (créatures aériennes et non plus aquatiques comme l’Hydre) et d’où ils tirent leur subsistance probable. Les oiseaux renvoient à l’élément Air et leur nombre important renvoie à une époque où l’on comptait un, deux, très (trois = beaucoup). Le bon sens populaire associe souvent le « caquetage » aux volatiles, et une rumeur est parfois aussi un « bruit ». Et ces oiseaux en font beaucoup. Leurs becs et de leurs pattes griffues évoquent directement le mal qu’ils peuvent faire avec. Nombre de traditions rapportent que le verbe est créateur, mal employé (agressivement ou sans discernement) ses effets sont opposés. La présence secourable d’Athéna, avec son aura d’industrie et d’intelligence, le fait qu’Héraclès ait pu pour une fois abattre quelque chose avec ses flèches (cela ne marche pas toujours) crée un contexte relativement « mercurien » qui aide à différencier ce mythe de celui des Juments de Diomède, qui sont, elles aussi « anthropophages » et agressives.

4/Cancer : La capture de la biche du mont Cérynie

Eurysthée ordonna ensuite à Héraclès de lui ramener vivante la biche du mont Cyrénée. C’était une merveilleuse biche aux cornes d’or et aux pieds d’airain. Elle était si rapide à la course que jamais personne n’avait pu l’attraper. Consacrée à Artémis, elle était l’une des quatre biches de l’attelage de la déesse. C’est dans les bois d’Oénoé, en Argolide qu’Héraclès se mit à poursuivre l’animal. La chasse dura un an. Entraînant son chasseur avec elle, la biche courut jusqu’au pays des Hyperboréens, ce pays magique qui s’étendait au-delà des contrées de frimas et de neige. Là, un printemps perpétuel régnait. Fatiguée, la biche retourna alors sur ses pas. Toujours galopant, toujours poursuivie par le héros, elle atteignit les rives du Ladon. Elle hésitait à traverser le fleuve qu’avaient grossi les pluies. Héraclès profita de son indécision et fondit sur elle. Il l’attrapa à l’aide d’un filet et la chargea sur ses larges épaules. Comme il ramenait l’animal, il rencontra Artémis et Apollon qui lui firent des reproches et réclamèrent la biche. Héraclès rejeta la responsabilité sur Eurysthée. La déesse l’autorisa à ramener l’animal à Tirynthe, à condition de le relâcher ensuite sans lui faire de mal.

La biche du mont Cérynie

Commentaires :

La biche ne figure pas dans le zodiaque, mais c’est l’animal d’Artémis, déesse lunaire, connue pour sa susceptibilité. De la Lune au Cancer, il n’y a pas loin… Notons, pour ceux qui s’étonneraient qu’une déesse aussi vierge et farouche qu’Artémis puisse avoir un quelconque rapport avec le signe maternel et affectueux du Cancer, que la Lune est aussi le régent ésotérique de… la Vierge… Par son apparence fragile et gracieuse, son caractère facilement effarouché, la petite biche peut nous faire penser à la « sensibilité ». Le travail patient (un an) d’Héraclès, et qui doit recommencer plusieurs fois, montre que tout comme la biche, notre sensibilité doit être apprivoisée et non dominée. Un des travaux les plus délicats et subtils réussi par Héraclès, moins connu que les plus brutaux ci-dessus, mais plus riche de nuances.

5/Lion : Le Lion de Némée

Eurysthée demanda d’abord au héros de lui apporter la peau du lion de Némée. Cette terrible bête vivait dans une forêt d’Argolide. Elle terrorisait les habitants de cette région. Ses rugissements étaient si glaçants que bergers et laboureurs se terraient dans leurs maisons. Héraclès, armé d’un arc, de flèches et d’une massue se dirigea vers l’antre du fauve. Une à une, il décocha ses flèches mortelles. Chacune touchait sa cible, mais l’animal était invulnérable, sa peau était si dure qu’aucune flèche ne pouvait l’entamer. Les flèches dérisoires ricochaient sur la terre. Héraclès ne se laissa pas impressionner et, poussant un grand cri, il se précipita sur le monstre en brandissant son énorme massue. Le lion, effrayé et surpris s’enfuit dans son antre qui avait deux entrées. Héraclès en boucha une et pénétra par l’autre. Le fauve, acculé se mit à rugir et, hérissant sa crinière, se mit à bondir. Héraclès leva alors sa massue et l’abattit sur le crâne de la bête. Le coup fut si violent que la massue se brisa en deux. À moitié assommé, le lion chancelait. Il jeta ses armes et étreignit le fauve de ses bras vigoureux et sa force était telle que, vaincu, le lion mourut étouffé. Héraclès écorcha alors l’animal et se revêtit de sa toison comme d’une cuirasse.

Commentaires :

L’association de ce mythe du Lion de Némée à celui du signe du Lion semble parmi les plus évidents, puisque l’animal est nommément cité. Les premières tentatives d’Héraclès pour atteindre le lion (par les flèches de l’esprit) s’avèrent infructueuses. La « peau dure » indiquerait volontiers qu’il faut descendre à un autre plan plus dense. L’usage d’une massue sur le crâne du lion ne fait que le déstabiliser : aucun outil palliatif ni mental (flèche) ni physique (massue) n’en vient à bout. Héraclès doit faire usage de sa propre force (ses ressources pures) pour vaincre.

La peau du lion – si épaisse qu’Héraclès ne découpera qu’avec les propres griffes de l’animal – fait bien penser à la solidité de l’ego qui ne se laisse guère entamer et résiste et lutte pour sa propre survie. Comment ne pas relever que le héros qui a « eu la peau de son ego » s’en revêt comme une armure ? … Désormais, nous avons là un lion qui sert : la tête de l’animal lui fait un casque. Il est intéressant de voir qu’il ne gardera aucun autre trophée de ce genre, ni poils de griffon, ni dents de dragon, ce qui laisse entendre une certaine identification. C’est l’assimilation (porter la peau, je t’ai dans la peau ?) de cette force qui lui permet de s’engager dans cette voie d’épreuve de la Croix fixe. L’antre du fauve aux deux entrées, est assimilable à toutes les cavernes qui soient. L’épreuve qui semble particulièrement ostentatoire, au final se déroule pour l’essentiel dans un lieu clos et dérobé au jour. Ce combat est intérieur. Il n’y a aucun témoin. Mais la « tunique de peau » nouée autour des épaules d’Héraclès prouve sans conteste qu’il a triomphé.

6/Vierge : La cueillette des pommes d’or du jardin des Hespérides : À peine revenu de cette expédition, Héraclès reçut l’ordre de ramener à Eurysthée les pommes d’or du jardin des Hespérides. Filles d’Atlas, les Hespérides habitaient un jardin merveilleux dont les arbres étaient chargés de fruits dorés. Héraclès reprit la route de l’Occident, mais ne savait où trouver le mystérieux jardin. Il erra longtemps et arriva sur les bords de l’Eridan. Là, des Nymphes lui conseillèrent de s’adresser à Nérée. Il le trouva, endormi sur le rivage. Héraclès l’enchaîna et lui ordonna de lui révéler la retraite des Hespérides. Pour effrayer Héraclès, Nérée se transforma en lion, en serpent, en flammes. Mais Héraclès résista et Nérée accepta de lui confier le secret des Hespérides. Il partit aux confins du monde occidental et atteignit le jardin merveilleux. Il vit d’abord Atlas, qui soutenait de sa tête et de ses mains la voûte du ciel. Héraclès lui demanda quel était le moyen de s’emparer des pommes convoitées. Le géant s’offrit d’aller les cueillir, mais à deux conditions. La première était qu’Héraclès le débarrasse du dragon Ladon, le monstre à cent têtes, gardien du jardin. La seconde était que le héros le décharge de son fardeau pendant qu’il irait cueillir les pommes. Héraclès accepta. D’une seule flèche, il transperça les cent têtes du monstre qui mourut d’un seul coup. Puis, il endossa la voûte céleste sur ses puissantes épaules. Lorsque Atlas revint, portant les précieuses pommes, il déclara vouloir les porter lui-même à Eurysthée. Héraclès feignit d’être d’accord, mais pria Atlas de reprendre un court instant la voûte céleste, le temps de glisser un coussin sous sa tête. Il s’empara alors des pommes d’or et s’enfuit pour ramener son butin à Eurysthée.

Commentaire :

Difficile également, je n’ai pu replacer ce mythe en liaison avec la Vierge que grâce au fait qu’Héraclès réussit son épreuve en acceptant de rendre de nombreux services, par exemple à Atlas (lui porter le monde pendant qu’il va chercher pour lui les pommes dans le jardin de ses filles) ou en tuant l’aigle qui dévorait le foie de Prométhée. Le nombre élevé de tests qui composent cette épreuve plaide aussi dans ce sens. Le test est une vérification et la Vierge aime particulièrement cela. Le lieu de l’épreuve principale (un jardin ou verger) peut également faire penser à la terre porteuse de fruits et renvoyer à une dynamique « Cérès Déméter ». Les pommes sont considérées comme des « objets sacrés » et notre habitude culturelle judéo-chrétienne où pomme = connaissance ne trouve rien à redire au rapprochement avec la Vierge que d’aucuns considèrent toujours régie par Mercure. Dernier point amusant : les Hespérides sont censées être également des îles fabuleuses situées dans l’océan Atlantique (au-delà donc des « colonnes d’Hercule » sises à Gibraltar). L’Hespéride pour les Grecs désignait l’Italie, et pour les Romains… l’Espagne. Gageons que si le jardin désignait un lieu géographique, il resterait de toute façon à l’Ouest, où se trouve bien le signe de la Vierge…

7/Balance : La prise de la ceinture d’Hippolyte, reine des Amazones

La fille d’Eurysthée, Admète, désirait la superbe ceinture que possédait Hyppolyté, la reine des Amazones. Pour être agréable à sa fille, le roi chargea Héraclès d’aller la chercher. Héraclès affréta neuf navires et embarqua une troupe de volontaires pour aborder au pays des mythiques guerrières qui habitaient dans le lointain Caucase, au bord de la Mer Noire. Les Amazones formaient un peuple sans hommes et avaient la réputation de mutiler les enfants mâles à la naissance. Elles ne s’unissaient à des hommes, qu’elles tuaient ensuite, que pour conserver de leurs amours les enfants de sexe féminin dont elles ôtaient un sein, afin que ces futures guerrières puissent manier aisément l’arc et l’épée. Hyppolité reçut d’abord Héraclès avec une grande bonté et lui offrit sa ceinture en gage de son amour. Mais Héra, déguisée en Amazone, répandit la nouvelle qu’Héraclès était venu enlever la reine. Une lutte terrible s’engagea entre les vierges guerrières et les soldats d’Héraclès. Un grand nombre de ces farouches amazones périrent et, parmi elles, Hyppolité fut tuée par Héraclès, qui se saisit de la précieuse ceinture qu’il offrit à Admète.

Commentaires :

Le peuple des Amazones étant constitué de guerrières, on le voit parfois du côté du Bélier… Notons pour l’amusement que dans cet axe masculin, nous avons d’un côté des « juments agressives » et de l’autres des femmes guerrières… La ceinture d’Hyppolyte lui avait été donnée par Vénus (ce qui nous arrange bien), d’autres sources parlent de ceinture d’Arès… L’observation de la Reine des Amazones qui tombe amoureuse et souhaite offrir la ceinture parce qu’elle voit en Héraclès un égal, pourrait s’avérer plus convaincante.

De même que lors de l’épreuve précédente, le succès « technique » d’Héraclès cache mal une faille humaine profonde : Pholos tué dans l’ivresse et la bataille (manque de contrôle), Abdéris piétiné et mangé (imprévoyance et négligence), Hyppolyte tuée de sa main alors qu’elle l’aimait (manque de confiance, trahison)… Le héros fait de son mieux, mais on comprend pourquoi il a vécu encore longtemps après les Travaux !

8/Scorpion : La destruction de l’Hydre de Lerne

Le deuxième travail que dut accomplir Héraclès fut de tuer l’hydre de Lerne. L’hydre était un énorme dragon au corps de reptile surmonté de neuf têtes. Elle vivait dans le sombre marais de Lerne. Son haleine était empoisonnée et elle ravageait la campagne environnante. Héraclès partit à sa rencontre en compagnie de Iolaos, qui conduisait le char du héros. Ils se retrouvèrent bientôt au bord du marais. Héraclès envoya une volée de flèches dans les roseaux et l’hydre, furieuse, apparut. Il voulut abattre les têtes hideuses à coups de massue, mais de chaque tête vaincue, il en renaissait deux. Il appela Iolaos à l’aide. Celui-ci mit le feu à la forêt voisine et, armé de brandons se mit à brûler chaque tête renaissante. Il n’en resta bientôt qu’une. Celle-ci était immortelle. Héraclès la trancha et l’enterra sous un rocher. Le monstre était vaincu. Hercule ouvrit le corps de la bête et recueillit son venin. Il y trempa ses flèches et les rendit empoisonnées. Héraclès s’en retourna à la cour d’Eurysthée qui refusa de compter cet exploit au nombre des Travaux, sous prétexte qu’il avait bénéficié d’une aide extérieure.

L'hydre

Commentaire :

L’un des travaux les plus spectaculaires et sans doute parmi les plus connus. Le monstre aquatique, aux multiples têtes qui n’est pas sans avoir un air de famille avec la Bête de l’Apocalypse, évoque le psychisme et ses démons. Il doit être combattu et tué : on retrouve le côté « radical » du signe fixe (le Lion de Némée aussi devait être tué) : il ne s’agit pas seulement de le capturer, ou de le rapporter comme lors d’autres épreuves. Mon premier guide a été cependant que parmi les signes d’Eau, on associe plus volontiers le Cancer aux eaux courantes, le Scorpion aux eaux stagnantes, et les Poissons aux océans. Cette épreuve présente un monstre vivant dans un marais : le lieu de son séjour pose donc d’emblée le Scorpion en candidat sérieux. À noter que le mythe évoquant les écuries d’Augias où figurent deux fleuves n’est pourtant pas attribué au Cancer… Pour des raisons qui seront explicitées ci-après. J’ai relevé également que c’est l’une des épreuves qu’Eurysthée a refusé de comptabiliser sous le motif qu’Héraclès avait reçu l’aide de son neveu Iolaos, transgressant une nouvelle fois la loi qui veut qu’il passe les épreuves seul. L’autre épreuve non comptabilisée (pour « tricherie) est celle des Écuries d’Augias que j’ai rapprochées des Poissons (voir ce mythe). J’ai trouvé intéressant que ce soient deux signes du même élément (l’Eau) qui aient semblé poser plus de problèmes, jusqu’à l’adjonction de deux épreuves supplémentaires (dix seulement étaient prévues au départ).

9/Sagittaire : La capture du sanglier d’Erymanthe

À peine de retour au palais de son maître, Héraclès reçut l’ordre d’aller à la recherche du sanglier d’Erymanthe. Il devait le capturer et le ramener vivant à la cour d’Eurysthée. Ce sanglier était une bête féroce qui ne sortait de son repaire que pour dévaster les champs d’Arcadie. Héraclès partit, armé de son arc et de sa massue et se mit à la recherche de la bête. Il battit fourrés et taillis et finit par la trouver. La chasse impitoyable commença. Il poursuivit le sanglier jusqu’au sommet de montagnes couvertes de neige. C’est là qu’il attira l’animal épuisé dans un trou qu’il avait rempli de neige pour le paralyser avant de le chevaucher. Il le maîtrisa à mains nues et l’enchaîna. Il repartit, portant sa lourde charge sur ses épaules et le déposa au pied d’Eurysthée, qui, raconte-t-on, se cacha dans une jarre, terrorisé à la vue du monstre.

Commentaires :

Si l’on n’a pas connaissance de l’épisode précédant la capture même du sanglier, faisant intervenir les centaures, l’association de cette épreuve au Sagittaire pose plus de questions. La seule piste dont nous pourrions disposer réside dans l’excès manifeste dont fait preuve Héraclès. On lui recommande de penser à se nourrir : il festoie et s’enivre. Si l’on pense à la facette « bon vivant » du signe, il est intéressant de souligner que finalement Eurysthée demande à Héraclès de maîtriser le « cochon sauvage » qui sommeille en lui…

10/Capricorne: La destruction de Cerbère et la délivrance de Prométhée

Comme ultime épreuve, Eurysthée demanda à Héraclès de descendre aux Enfers et d’en ramener Cerbère, le chien de garde des portes souterraines. Hermès et Athéna l’escortèrent jusqu’au séjour des Morts. Il atteignit le Styx et, traversant de grands fleuves de flammes, il parvint aux pieds du trône d’Hadès. Celui-ci lui permit d’emmener Cerbère à la lumière du jour s’il pouvait se rendre maître de l’animal sans le secours d’aucune arme. Cerbère était un chien monstrueux qui possédait trois têtes et dont le corps se terminait par une queue de dragon. Sa sonore voix d’airain terrorisait tous ceux qui l’approchaient. Sans arme, revêtu seulement de la peau du lion de Némée, Héraclès se présenta devant Cerbère. Il le saisit par le cou, juste à l’endroit où se réunissaient les trois têtes et, quoique mordu, le serra si fort que le chien, se sentant étouffer, se décida à suivre le héros. Héraclès enchaîna l’animal et le tirant hors du gouffre, vint le montrer à Eurysthée. Terrifié, celui-ci ordonna aussitôt de renvoyer le monstre aux Enfers.

Commentaire :

L’attribution de cette épreuve m’a longuement fait hésiter. Au Capricorne, comme épreuve « de sortie » la plus initiatique, je ne savais si je devais mettre le sauvetage de l’humanité (les bœufs de Géryon) ou le sauvetage du père de l’humanité (Prométhée)… La tradition ésotérique répète avec assez d’insistance que le Capricorne est un signe de haute initiation, et la descente aux Enfers en est une étape incontournable dans bon nombre de religions à Mystères… J’ai fini par m’y résoudre. Le royaume d’Hadès étant pour certains souterrains, l’association à un signe de Terre ne paraît pas non plus farfelue, sur le plan de la simple énergétique.

11/Verseau : La capture des bœufs roux de Geryon

Eurysthée exigea qu’Héraclès lui amène les bœufs roux de Géryon, géant colossal, dont les flancs se ramifiaient en trois corps. Géryon était roi de Tartessos, en Espagne, ville qui se situait en Andalousie. Il possédait un troupeau de bœufs d’une grande beauté, gardé par un berger, Eurytion et par un monstrueux chien à trois têtes. Pour obéir à ce nouvel ordre, Héraclès partit vers l’Occident en longeant la côte africaine. Arrivé au détroit qui sépare l’Europe de l’Afrique, il éleva deux colonnes, une sur chaque continent, pour commémorer son passage. On les appelle depuis les colonnes d’Hercule. À cet endroit, le soleil, très ardent, incommoda Héraclès, qui banda son arc et décocha une flèche contre lui. Étonné de cette audace, le Soleil, pour apaiser le vaillant héros et lui permettre de continuer sa route, lui prêta la coupe d’or qui le transporte à travers l’océan et le guide jusqu’aux rivages où il remonte au ciel pour éclairer la Terre. Héraclès s’embarqua donc dans la coupe et parvint au terme de son voyage. Il passa la nuit à épier les troupeaux. Le chien, vigilant, aboya. Héraclès l’assomma d’un coup de massue. Il fit subir le même sort au bouvier, accouru au secours de son chien, puis il décocha à Géryon une flèche fatale qui transperça ses trois corps en même temps. Victorieux, il ramena le troupeau à Eurysthée.

Commentaire :

Pour moi ce fut le travail le plus difficile à replacer en signe. En accédant à une version plus compète du mythe, je trouvai l’allusion à « la coupe d’or d’Helios » (Soleil), au Roi, et au troupeau (de bœufs). Ce qui m’a donné un indice pour un positionnement en Verseau, c’est particulièrement la coupe, bien que l’allusion au roi (souvent léonin en face) soit un autre indice, et que le troupeau de bœufs (groupe d’animaux nombreux) présente le même argument que pour les Oiseaux en Gémeaux Air. La coupe et le Roi peuvent s’inscrire dans l’axe du Verseau Lion, le « troupeau » m’évoque le groupe et peut possiblement représenter l’humanité. Je n’étends pas mes commentaires aux forts intéressants « trois corps » de Géryon, ni même au fait que le chien gardien du troupeau présente déjà trois têtes (comme Cerbère) et préfigurent sa dernière épreuve.

12/Poissons : Le nettoyage des écuries d’Augias

Eurysthée ordonna à Héraclès de se rendre aux écuries d’Augias. Le roi Augias vivait à Elis, dans le Péloponnèse. Il était le fils d’Hélios, le dieu du Soleil et possédait de nombreux troupeaux qu’il faisait paître dans son royaume d’Elide. Les étables, où étaient enfermés plus de 3000 bœufs n’avaient pas été nettoyées depuis trente ans. Elles étaient encombrées d’un fumier si épais qu’on ne parvenait pas à supprimer l’odeur nauséabonde qui se répandait aux environs. Héraclès avait l’ordre de les nettoyer en une seule journée. Le héros ouvrit des brèches dans le mur d’enceinte des étables, puis il détourna le fleuve d’Alphée et fit passer ses eaux purifiantes et tumultueuses au travers des écuries. Il reboucha ensuite les brèches. Les étables redevinrent propres et saines.

Commentaires :

Spectaculaire épreuve mettant en avant plus d’astuce qu’à l’ordinaire, le nettoyage des Écuries est très facile à rapprocher également du signe du Verseau (une onde double). Chez d’autres auteurs, il tombe très naturellement en Vierge – dont l’aspiration à la propreté est bien connue. Il ne doit son rapprochement aux Poissons qu’à l’incontournable présence des deux fleuves comme dans le glyphe du signe, du rattachement à l’élément Eau, et au fait que la maison XII (symboliquement rattachée aux Poissons) est la maison de l’apurement des comptes. Trente ans de crasse sur les stalles, patiemment accumulées dans l’incurie… En les nettoyant, il remet ce compteur à zéro. Héraclès a cependant demandé salaire pour cette épreuve (un dixième du troupeau). Nous nous trouvons dans l’un des signes les plus oblatifs : est-il étonnant qu’une fin de non recevoir lui soit opposée ? Il n’en reçoit aucune reconnaissance : Augias le chasse comme… un malpropre.

 

Constellation d'Hercule

Correspondances ésotériques.

Dans « Les Travaux d’Hercule ». Alice A. Bailey exposait l’ordre d’épreuves que voici :

1. Bélier : capture des cavales mangeuses d’hommes 1. Taureau : capture du taureau de Crète 3. Gémeaux : Cueillette des Pommes d’Or des Hespérides 4. Cancer : Capture de la Biche de Cérynée 5. Lion : Massacre du Lion de Némée 6. Vierge : Prise de la Ceinture d’Hippolyte 7. Balance : Capture du Sanglier d’Erymanthe 8. Scorpion : Destruction de l’Hydre de Lerne 9. Sagittaire : Extermination des Oiseaux de Stymphale 10. Capricorne : Destruction de Cerbère, Gardien de l’Hadès 11. Verseau : Nettoyage des Écuries d’Augias 12. Poissons : Capture des Bœufs roux de Géryon

Hercule, vu par -PHIL-

« La progression d’Hercule, du plan mental à travers le plan émotionnel ou de désir, pour s’extérioriser dans la manifestation physique, puis son voyage à travers les douze signes et au moyen des douze travaux jusqu’au point où il devient un initié inspiré, peut être esquissée pour nous de la manière suivante :

Dans le Bélier 21 mars-20 avril, par la capture des cavales mangeuses d’hommes, nous voyons Hercule prendre le départ, réagir à l’impulsion de la pensée et commencer à apprendre la maîtrise mentale. En tant que disciple intelligent, il commence sa carrière par une impulsion spirituelle indéfinissable vers l’équité et la termine en tant que sauveur du monde.

Dans le Taureau 21 avril-20mai, il doit apprendre la nature du désir, la transmuer en aspiration, dominer le sexe et utiliser de juste manière la nature du désir, capturant ainsi le taureau de Crète. Ce désir très fort et la puissance d’attraction sont ce qui produit la grande illusion – comme nous le verrons – mais ce qui peut devenir, à la longue, la cause de l’illumination.

Dans les Gémeaux 21 mai-20 juin, la progression du disciple, jusqu’ici subjective et caractérisée par la pensée et le désir, se mue en expression sur le plan physique. Dans ce signe, le disciple parvient à la connaissance de lui-même comme personnalité et il rassemble les pommes d’or de la connaissance, subordonnant à son entreprise les trois aspect du soi personnel inférieur : corps physique, nature du désir et mental.

Dans le Cancer 21 juin-21 juillet, la faculté supérieure, l’intuition, est mise en jeu, ce qui est symbolisé pour nous par la capture de l’insaisissable biche ou daine, sensible et difficile à prendre. Dans ses cycles antérieurs d’expérience vécue, Hercule a transmué l’instinct en intellect, mais maintenant, comme disciple, il doit transmuer l’intellect en intuition. Les correspondances supérieures de tous les pouvoirs inférieurs doivent être développées et utilisées.

Dans le Lion 22 juillet – 21 août, Hercule, ainsi équipé, entreprend le plus connu de ses travaux, il tue le lion de Némée. Il démontre, dans ce test, le pouvoir de faire deux choses et prouve à son maître qui l’observe, Eurysthée, que sa personnalité focalisée et coordonnée est caractérisée par le courage déterminé qui est le don des gens nés dans ce signe, et il démontre aussi, par son travail, que l’inférieur peut être subordonné au supérieur. Par son service et par le bon sens dont il a fait preuve, il donne la garantie de la force de son destin.

Les cinq travaux – dans le Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer et le Lion – concernant toute la période du sentier de Probation ; le massacre du lion de Némée est l’apogée de cette partie de la lutte. Hercule est maintenant prêt à emprunter le Sentier du Disciple sur lequel le Christ intérieur est progressivement révélé, la matière graduellement subordonnée à l’usage de l’âme et l’aspect forme considéré simplement comme la mère de l’Enfant Christ. Cette connaissance progressive commence dans la Vierge, le sixième signe, signe de la crèche, et elle est consommée dans le Capricorne, le dixième signe, signe de la naissance de tous les dieux solaires. Sur le Sentier du Discipulat, il doit ensuite démontrer qu’il a surmonté l’illusion, que le mirage imposé par la matière à l’esprit n’illusionne plus. Ceci est démontré de façon spectaculaire dans le travail exécuté dans le Scorpion où il tue l’hydre à neuf têtes. Après le Capricorne, il devient un serviteur de l’humanité, consacré au travail de la Hiérarchie : cette consécration spirituelle au service trouve son expression dans les deux derniers signes de la ronde zodiacale, le Verseau et les Poissons

Dans la Vierge 22 août-21 septembre, le premier signe du disciple, Hercule exécute son sixième travail et s’empare de la ceinture d’Hippolyte, reine des Amazones. Il est intéressant de remarquer que le premier travail sur le Sentier de Probation commença par un échec partiel, dans le Bélier, et que le premier travail sur le Sentier du Discipulat, dans la Vierge, est aussi « mal fait ». Le disciple doit toujours être sur ses gardes, car le risque d’erreur et de faute demeure. Ses vertus mêmes peuvent devenir son problème : il nous est dit qu’il est possible même à un fils de Dieu, initié de haut niveau, de tomber du sentier de l’accomplissement. Cependant, son échec n’est que temporaire. De nouvelle opportunités se présentent. La conséquence de sa faute est le retard, mais le jour de la reprise se présente inévitablement. Dans la Vierge est décrite la préparation à la première initiation, la naissance du Christ, appelée dans le monde chrétien la naissance du Christ dans le cœur. C’est un événement aussi bien physique que transcendant, comme nous le voyons en étudiant le signe de la Vierge et celui du Capricorne.

Dans la Balance 22 septembre- 21 octobre, Hercule capture le sanglier et, par ce travail, il démontre sa capacité de prendre la deuxième initiation, celle qui concerne le corps émotionnel. Il équilibre les paires d’opposés et le démontre d’une manière amusante et symbolique. Il prouve que l’équilibre est maintenant une caractéristique acquise et qu’il est à même d’entreprendre l’immense tâche que le prochain signe lui procurera.

Dans le Scorpion 23 octobre-22 novembre, Hercule affronte l’épreuve suprême qui est aussi l’épreuve suprême pour l’humanité : si nous étudions les temps et les saisons, il semble que l’humanité y soit actuellement soumise. Le problème posé à Hercule est celui de son émancipation de l’illusion et de sa libération des brumes et des miasmes, du mirage et des apparences derrières lesquels se cache la Réalité. Dans ce signe, il passe avec succès sa plus grande épreuve, et, dès lors, son problème change. Il a démontré sa maîtrise du désir : son point de vue est équilibré. Maintenant, parce qu’il ne se laisse plus prendre à ce qui n’est qu’apparence, et parce qu’il peut marcher focalisé dans la lumière, il devient un travailleur du monde.

Dans le Sagittaire 23 novembre- 22 décembre, nous voyons cette focalisation : nous avons le couronnement de l’œuvre entreprise dans le Bélier : utilisation juste et contrôle juste de la pensée. Dans le Bélier, il capture les cavales mangeuses d’hommes et les plie à son usage. Il tue maintenant les oiseaux tueurs d’hommes de Stymphale et met fin à toutes les tendances d’utilisation destructrice de la pensée.

Dans le Capricorne 23 décembre- 20 janvier, Hercule devient un initié et apparaît devant le monde comme un sauveur, un fils de Dieu libéré, capable de travailler en Enfer, sur Terre ou dans les Cieux. Il amène Cerbère hors de l’Hadès, et par le symbolisme du chien à trois têtes, il dépeint l’élévation de la personnalité, le triple aspect de la matière, vers les cieux. Il démontre ainsi qu’il est arrivé au développement nécessaire et qu’il a traversé les épreuves qui l’ont fortifié et lui permettront de vivre avec succès l’expérience de la troisième initiation, celle de la Transfiguration.

Les deux signes suivants, le Verseau et les Poissons, nous montrent Hercule libéré, au travail, sauveur du monde. Ses épreuves ne sont plus personnelles et individuelles, mais d’application universelle: elles démontrent l’inclusivité de la conscience et toutes les méthodes suivies par le disciple qui a escaladé la montagne dans le Capricorne et qui n’a plus aucun problème personnel.

Dans le Verseau 21 janvier-19 février, Hercule nettoie les écuries d’Augias en détournant une rivière, la faisant passer à travers elles. Ces écuries n’avaient plus été nettoyées depuis des années. Il déversa ainsi, symboliquement, les eaux purificatrices au service de l’homme. Le Verseau est le signe dans lequel nous entrons. Le plus servile des travaux s’y accomplit, dépassant tous les autres. On peut penser, avec révérence, à Jésus-Christ lavant les pieds de ses disciples après avoir suivi, dans la chambre haute, celui qui portait la cruche d’eau sur son épaule.

Dans les Poissons 20 février 20 mars, nous trouvons, par contraste, le plus élevé des symboles. Ici, Hercule capture le troupeau de bœufs roux, le met dans la coupe d’or (le Saint Graal) et le transporte au Temple. Telle est la grande beauté du signe dans lequel l’homme devient un sauveur du monde, tout ce qui était animalité en lui ayant été racheté et transcendé.

Cette analyse des douze travaux donne une description un peu synthétique du travail accompli par chaque disciple qui prend les choses vraiment au sérieux, alors qu’il progresse du Bélier aux Poissons. C’est un travail lent qui présente de grandes difficultés et souvent accompli dans l’ignorance des forces libérées et des résultats acquis. Pas à pas, l’aspirant est conduit le long du sentier de la connaissance de soi. Son caractère et sa nature sont mis à l’épreuve jusqu’à ce que les qualités qui caractérisent la forme soient transmuées en celles qui révèlent l’âme. »

Correspondances initiatiques

Voici ci-dessous un bref récapitulatif des points forts du zodiaque initiatique, signe par signe et répartis par quadrant. En les gardant présents à l’esprit, ils permettent de mieux comprendre comment les correspondances signes/épreuves ont été établies dans le cadre de cette réflexion :

1 – Le nettoyage de la négativité et la transformation des pulsions destructrices : Bélier : apprendre la pensée juste et positive, premier travail du postulant. Taureau : maîtriser les pulsions de désir. Gémeaux : pratiquer l’innocuité verbale.

2 – La transformation de l’ego inférieur en âme : Cancer : transformer le ressenti en intuition. Lion : vaincre l’orgueil et l’égoïsme. Vierge : acquérir la sagesse et l’altruisme.

3 – L’épanouissement de l’âme individuelle victorieuse du psychisme : Balance : accepter l’amour et transformer les dualités en harmonie. Scorpion : se délivrer de tout désir inférieur et le transformer en aspiration spirituelle. Sagittaire : mettre l’ego à sa juste place d’instrument de l’Âme et de l’Esprit.

4 – La responsabilité spirituelle par rapport à la collectivité : Capricorne : se libérer de l’emprise de la Matière. Verseau : transformer toute « séparativité » en une unité éclairée. Poissons : délivrer la communauté de son karma passé et l’aider à se purifier.

Correspondances selon Porphyre.

À titre comparatif, je répercute ci-dessous une ancienne correspondance entre les Travaux et les Signes, établie par Porphyre (qui nous a laissé une table de domification, présente dans certains logiciels astrologiques).

« Porphyre dit, que la Fable des douze travaux a pour base la division des douze signes du Zodiaque; et qu’Hercule n’est que le Soleil, qui parcourt tous les ans la carrière, dont l’entrée est fixée au point solsticial, occupé autrefois par le Lion. Ce Planisphère représente le Soleil, ou Hercule, parcourant les douze Signes, en commençant par le Lion, qui est alors celui de Némée : les autres travaux correspondent successivement aux onze autres Signes ».

Le ciel des dieux

Cette correspondance laisse certains signes étonnamment vides, tandis que d’autres sont plus chargés, par exemple, les Gémeaux ou le Capricorne.

V. Conclusion

Le petit exercice d’association des épreuves et des signes représente la toute première étape d’un travail plus difficile et plus ambitieux qui aurait consisté en une interprétation complète des 12 Travaux, et ce afin de ne pas en rester à la simple lettre du mythe et de dégager un sens plus profond déployant réellement une portée initiatique… C’est pour donner une idée de ce qu’il est possible de trouver en matière de perception des épreuves sur un mode initiatique, que j’ai repris un passage des Travaux d’Hercule d’A. Bailey. Mon modeste écrit n’a pas cet objectif, mais uniquement celui de familiariser davantage avec ces mythes grecs, et d’autant plus que le nombre des Travaux « incline » furieusement à y voir un rapport évident. Le dernier mérite de cet article sera peut-être de montrer qu’en mythologie comme en astrologie, il convient de « se lancer dans l’interprétation ». Le mythe apparaît souvent à l’image de sa statue (coulé dans le bronze et intouchable), il faut oser entamer la conversation avec lui, même si elle est un peu maladroite au début. Le processus n’est pas si différent de la méthode que l’on peut employer pour tenter d’analyser les symboles d’un rêve.

Je ne saurais clore sans évoquer en anecdote le transit qui s’est spontanément associé à la rédaction. Il s’agit de celui de l’astéroïde… Héraclès. Qu’on ne s’imagine pas pour autant que je ne concocte que des « articles opportuns». Alors que je commençais en toute innocence la rédaction de cet article Héraclès transitait ma Vénus puis mon Chiron. Aujourd’hui, alors que je me pousse à terminer enfin, il approche mon Soleil. J’ai découvert le transit et l’astéroïde presque par hasard. À l’époque, je souffrais de maux de dos importants, à tel point que je me suis demandée quel « poids du monde » je voulais ainsi porter à l’imitation d’Atlas. Mon premier réflexe a été de chercher dans la base de données de J. Dunn s’il n’aurait pas existé un Atlas judicieusement transitant… À ma grande déception, je ne trouvai pas d’astéroïde à ce nom (Renseignement pris auprès de notre consultant Richard Doyle, Atlas est un satellite de Saturne, ne possédant pas d’éphémérides, et semblant faire partie de son système sémantique tout autant qu’astronomique, en tant que « lune » du Seigneur des Anneaux…). Cependant, grâce à la relecture du mythe héracléien, je savais que le héros avait momentanément porté le fardeau du géant. Une idée en entraînant une autre, j’ai trouvé un petit caillou « Héraclès » et il s’est avéré qu’il n’était pas « n’importe où ». L’histoire finit bien et le mythe le disait déjà : le monde est à sa place et mon dos va mieux.

Histoire du monde Une réflexion sur les variations sur les sources du mythe et les interprétations à différentes époques.

 

Tous droits réservés Anna Lorrai

Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation écrite de l’auteur

 

5 thoughts on “La mythologie, un code secret pour l’astrologie

  1. Je souhaite sincèrement vous remercier!!!
    Grâce à votre article je viens d’éclaircir encore plus l’expérience particulière que je vis actuellement: je suis capricorne et sans en prendre véritablement conscience, j’ai entamé le combat afin de me libérer de la matière, et ce à travers le parcours des 12 travaux! J’ai eu l’impression de relire du vécu! Aussi, je témoigne: c’est dur, c’est long, mais ça vaut tout ‘l’or du monde’!

  2. Très bon article bravo 😆 !!!!
    Pour ce qui est du Cancer, je me rappelle que Sara Sand dans « Le grand livre du Cancer » Ed. Tchou associe l’épreuve de l’hydre de Lerne au Cancer, car dans la version qu’elle raconte un crabe intervient. De mémoire (et donc sujet à caution), elle nous dit (entres autres pour justifier ce choix) qu’Hercule un peu désespéré par la repousse incessante des têtes de l’hydre, se voit en plus pincer au pied par un crabe géant. Finalement c’est bien car cela va le mettre en colère, décupler ses forces et finalement il va terraser l’hydre.
    Je me rappelle aussi toutefois avoir lu un autre petit livre sur le Cancer (impossible de m’en rappeler le nom, l’auteur ou l’édition c’était il y a longtemps !!!) dont l’auteur avait rapproché ce signe de l’épreuve de la biche Cerynie. Comme quoi les gens sont rarement d’accord et chacun y voit certains aspects plutôt que d’autres 😉
    Rhiann 😛

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