Astrologie dans le monde : la Belgique

Autourdelalune vous propose à partir d’aujourd’hui une série d’articles visant à faire un voyage autour du monde de l’astrologie. Comment notre discipline se porte-t-elle au delà de nos frontières ? Comment est-elle perçue et par qui est-elle pratiquée? Nos homologues essayeront d’apporter des réponses. C’est Michaël Mandl, président de la Fédération d’Astrologie Belge qui se prête le premier à cet exercice. Auteur d’articles et d’ouvrages astrologiques, il a collaboré régulièrement ou ponctuellement pendant plusieurs années à des médias tels que Astres, NRJ, RTL+, RTBF, Ciné-Télé-Revue ou encore Ciné-Astro-Revue. Il a accepté très aimablement de répondre aux questions posées par Muriel Rojas Zamudio.

Quels sont les principaux courants astrologiques dans votre pays? Quels en sont les astrologues les plus représentatifs ?

Dans un pays assez petit comme la Belgique, il n’y a pas vraiment de courants qui ont fait école. Globalement, on peut dire que l’astrologie en Belgique – du côté francophone en tout cas, ce qui réduit encore la surface… – a surtout été marquée par quelques figures « historiques » : on pense évidemment à Georges Antarès, Louis Horicks, Henriette Michaux et Gustave-Lambert Brahy, pour ne rappeler que les plus connus. De nombreux auteurs, dont André Barbault s’il fallait n’en citer qu’un seul, ont évidemment « percé », ainsi que des courants de pensée (astrologie humaniste, évolutive, traditionnelle, …), bien qu’on ne puisse pas vraiment parler d’une implantation proprement dite (au sens de groupes de travail structurés ou d’associations constituées). Il existe en fait deux principales associations en Belgique francophone :

  • le Cébésia (Centre Belge pour l’Etude Scientifique des Influences Astrales), fondé en 1926 par G.-L. Brahy et actuellement présidé par Eric Panichi ;
  • la F.A.B. (Fédération Astrologique Belge), fondée en 1988 par un groupe d’astrologues (notamment Jany Bessière, Astrid Fallon et Jean J.-M. Cuypers) et dont je suis actuellement le président.

Comment qualifieriez-vous l’approche qui prédomine : divinatoire ? Psychologique ? Spirituelle ?

A choisir parmi ces trois possibilités, je ne qualifierai pas l’astrologie en Belgique de « divinatoire » puisque ce terme a une connotation péjorative qui favorise l’amalgame avec des pratiques que la F.A.B. réprouve catégoriquement (voir le code de déontologie). Il y a certainement par ailleurs une composante spirituelle, à condition bien sûr que l’on s’entende aussi sur ce qualificatif, qui peut également se prêter à de nombreuses dérives Je retiendrai donc le terme de « psychologique » – forcément, ai-je envie d’ajouter – tout en précisant qu’il me semble un peu restreint. Faut-il d’ailleurs mettre une étiquette particulière ? A mon sens, l’astrologie n’est ni divinatoire, ni psychologique, ni spirituelle, ni quoi que ce soit d’autre : elle englobe différents volets, ne se résumant pas à eux. Autrement dit : l’astrologie est tout simplement… astrologique. En ce sens, la F.A.B. a notamment pour vocation « d’encourager les échanges entre tous les courants de pensée » (Article 3 des statuts), dans une perspective d’ouverture et non pour adopter ou pour favoriser une approche, quelle qu’elle soit.

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Notre correspondant, Michael Mandl

 

Est-ce que consulter un astrologue est une pratique courante ? Qu’attend-on de lui ? Quel serait le profil du client type sur le plan culturel et social ?

On peut considérer que la consultation chez un astrologue est une pratique relativement courante, mais pas pour autant banale. Les attentes sont variées, mais on constate au fil du temps que le « tout venant » est de plus en plus conscient de la différence entre l’astrologie et des pratiques divinatoires telles que la voyance et le tarot. Ainsi, les demandes concernent davantage une meilleure compréhension et gestion de soi, de son évolution et de son environnement au sens large, spatio-temporel pourrait-on dire. Mais il est entendu qu’il reste encore du chemin à faire pour que le grand public soit réellement informé de l’utilité d’une consultation astrologique et de ce que représente le travail d’astrologue, ce à quoi il peut servir. Il n’est pas rare ainsi que l’on s’adresse à celui-ci pour savoir « ce qui va m’arriver » ou « ce que je dois faire »… Il est difficile de dresser un profil type du consultant. La majorité des demandes sont encore le fait de femmes, même si les hommes se manifestent de plus en plus au fil des années. En termes d’âges, il est rare que l’on consulte – du moins de sa propre initiative – avant vingt-cinq ou trente ans, si ce n’est souvent pour des raisons économiques ; à partir de là, toutes les tranches d’âge sont plus ou moins représentées avec, dans l’ensemble, une moyenne qui tourne autour des 45 à 50 ans. Pour l’anecdote, à l’heure actuelle, mon consultant le plus âgé est né en 1921 et, de père anglais, il a notamment participé au débarquement en Normandie sous les ordres du général Montgomery ! Quant au niveau socioculturel, on peut dire qu’il est en règle générale moyen ou plutôt élevé.

Comment est considérée la profession d’astrologue dans votre pays ?

La profession d’astrologue n’est pas officiellement reconnue et elle n’est donc pas légalement protégée. D’où un risque évident d’amalgame avec d’autres pratiques qui n’ont pourtant aucun lien avec l’astrologie, si ce n’est dans l’imaginaire de certains… Ce risque est évidemment renforcé par des praticiens plus ou moins (re)connus qui se servent de l’astrologie pour alimenter leur fond de commerce. Pour le grand public, seul le recours à la liste des astrologues professionnels reconnus par la F.A.B. donne la garantie d’avoir affaire à des personnes compétentes et expérimentées.

Que pouvez-vous dire sur la recherche dans le domaine de l’astrologie ?

L’astrologie belge a toujours privilégié ce registre. L’article 3 des statuts de la FAB commence d’ailleurs par ce point : « L’association a pour objet de promouvoir, de développer la recherche en astrologie (…) ». Il suffit également de se référer aux précités L. Horicks et H. Michaux dans le domaine de l’astrologie mondiale (leur « Traité pratique d’astrologie mondiale », datant de 1941 et réédité au Cédra en 1990, est toujours une référence incontournable) ou à G.-L. Brahy en matière économique et boursière, mais aussi à Jany Bessière s’agissant des éclipses, sans oublier Luc de Marré, mondialement connu pour sa contribution à la collecte de données de naissance, autrement dit la base même de notre travail et de nombreuses recherches en la matière… Actuellement, il faut notamment citer les remarquables travaux d’Astrid Fallon, que ce soit pour ses « Ephémérides graphiques et prévisionnelles 1920-2040 » (Editions du Rocher), un outil simplement exceptionnel, ou pour ses investigations en matière de déclinaisons planétaires. Par ailleurs, les recherches de J. Bessière dans le domaine des éclipses ont donné lieu à de nombreux développements, qui se poursuivent encore de nos jours. Il est enfin impensable de parler de recherche sans se référer à cet outil formidable qu’est l’informatique, qui a permis de l’accélérer considérablement. En ce sens, on ne peut manquer de citer André Vander Linden, concepteur du logiciel « Zodiac », le programme officiel de la F.A.B., un produit d’une grande technicité et d’une excellente qualité esthétique, ce qui ne gâche rien.

Que pouvez-vous dire de l’édition dans le domaine de l’astrologie ?

Il n’y a pas en Belgique de maison d’édition spécialisée en astrologie ou consacrant une collection à ce sujet. Quelques éditeurs publient de temps à autre des ouvrages astrologiques, plutôt tournés sur le symbolisme, mais cela reste assez rare. A l’heure actuelle, il existe une seule revue purement astrologique, « Infosophia », distribuée aux membres de la F.A.B.

Quels sont les principales associations réunissant des astrologues dans votre pays ?

Comme indiqué plus haut, il existe deux associations dans la partie francophone du pays :

  • la Fédération Astrologique Belge (www.astro-fab.be), qui organise plusieurs séminaires par an, des conférences exceptionnelles et qui publie la revue « Infosophia » ;
  • le Cébésia (www.cebesia.be), qui organise pour sa part de nombreuses conférences, des séminaires et qui édite un bulletin d’information.

Vous paraît-il envisageable de regrouper les astrologues à un niveau international ?

Envisageable certainement… Le projet est intéressant, mais encore faut-il parvenir à créer une structure qui soit suffisamment souple et cohérente à la fois, sachant qu’il n’existe pas une astrologie dont on aurait fixé les règles une bonne fois pour toutes, mais différentes pratiques, techniques et conceptions qui – à défaut de se contrer – feraient mieux de se rencontrer…

propos recueillis par Muriel Rojas Zamudio

 

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