Qu’est-ce que l’astrologie karmique et comment utiliser les régents ?

Irène Andrieu est la fondatrice de l’Astrologie d’Évolution en 1982, ainsi que l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Astrologie karmique. Praticienne et enseignante, elle dirige le réseau de l’École qu’elle a fondée, et donne elle-même des cours à Montreuil (93) ou des cours par correspondance pour les non-parisiens du niveau débutant au niveau praticien professionnel. Elle nous explique dans ce texte (qui constitue l’introduction de son logiciel à venir) les fonctions des nœuds lunaires, base primordiale de l’Astrologie d’Évolution et répond à bon nombre de questions cruciales qui ne manqueront pas de passionner tout ce qui s’interrogent sur ce que l’on nomme poétiquement « l’axe du dragon ».

Un interview de l’auteur a également été inséré en fin d’article.

Du côté de Bouddhisme

Dans la mythologie bouddhiste, on trouve une légende de l’origine de la division primordiale très parlante sur le plan du rôle des nœuds lunaires dans notre vie.

En ce temps-là, la planète Terre venait d’être créée. Le Dieu de l’Univers (Cela qui n’a pas de nom…) réunit la cohorte des Dévas (les déités paisibles, les anges) et des Asuras (assimilés aux démons dans la tradition judéo-chrétienne), pour décider quel groupe allait être investi du pouvoir sur la nouvelle planète.

Devant l’incapacité des deux parties à s’entendre sur le sujet, le dieu proposa de les départager : chaque groupe se mettrait aux deux bouts d’une corde, et celui qui l’emporterait gouvernerait la Terre.

Mais la corde se rompit en son milieu : les Dévas tombèrent au Sud, les Asuras au Nord.

devas

Les Dévas, toujours en quête d’harmonie, ne sont pas combattifs pour deux sous. C’est pourquoi ils se gardent bien, en toutes choses, de perturber l’ordre établi. Ils représentent l’inertie de la matière et, dans le mental, la force de résistance au changement. L’Enfer qui porte leur nom dans la Roue de la Vie tibétaine associe les Poissons et le Bélier (refus de la mort, désir d’exister).

L’énergie des Asuras, quant à elle, s’incarne dans les deux signes suivants : le Taureau pour la continuité des tendances mentales qui sous-tendent les désirs et les rêves d’avenir dans le Scorpion et les Gémeaux pour l’expression de ces tendances qui modélisent notre environnement pour l’adapter aux rôles qu’elles nous portent à jouer (Sagittaire).

Tout l’intérêt de l’analyse des phénomènes croisés entre nœuds lunaires et planètes sera donc de nous resituer dans une perspective qui assemble les énergies du ciel et de la terre. En quelque sorte, il nous appartient de célébrer les noces du Soleil et de la Lune, de la conscience et de la psyché, de la séparation existentielle engendrant une recherche sans fin de la lumière et de la Conscience qui nous habitaient déjà, tous, lors de notre naissance.

Précisons que les nœuds utilisés dans mon logiciel sont les nœuds moyens, évoluant sur le mode rétrograde à un rythme constant et dont les manifestations ont été fixées sur plusieurs millénaires. L’analyse n’intègre pas les constats astronomiques récents d’une phase alternée directe puis rétrograde des « nœuds vrais » sur lesquels aucun astrologue ne semble pas encore s’être penché pour en dégager les effets.

Zone sud et zone nord dans le zodiaque

En interprétant le sens du combat des Dévas et des Asuras, on peut comprendre que la zone Sud ressemble à un conservatoire de tendances bien défendu par l’inertie de charmants gardiens très frileux devant la perspective du changement. L’univers du nœud Nord est peuplé de projets toujours prêts à se manifester et à renaître de leurs cendres, sous l’effet des désirs qui ne cessent de se manifester dans notre esprit.

 

En termes astrologiques, la position du nœud Sud et la moitié du zodiaque qu’il gouverne est donc le lieu où s’incarne puis s’entretient la mémoire du passé (quelle que soit son origine). Son contenu repose sur le statisme mental et le désir de continuité. Il préexiste à la naissance et continue à se remplir toute notre vie des croyances, certitudes, connaissances et identifications dont nous sommes incapables de nous détacher.

La zone Nord

La direction indiquée par le nœud Nord (sa position en signe et son expansion dans l’espace) est dynamique et combattive. Elle représente l’énergie de nos désirs innés (les raisons mêmes pour lesquelles nous sommes venus au monde) toujours prêts à s’élancer dans l’espace (Sagittaire), pour se réaliser. D’où le concept de « projet de vie » que vous retrouverez dans l’analyse de la position du nœud Nord en signe dans votre thème natal.

L’axe des nœuds forme un tout

En fait, aucun des deux nœuds lunaires ne prévaut sur l’autre sur le plan de l’évolution spirituelle. Il n’y a pas plus de mérite à être un conservateur assis sur son trésor que d’être animé par le désir de s’emparer du monde. Les informations figurant dans le nœud Sud s’inscrivent simplement dans nos tendances comportementales les plus ancrées, celles du nœud Nord dans nos aspirations et nos rêves d’avenir.

De toute façon, les deux composantes de l’axe sont interactives tout au long de notre vie. Les Dévas et les Asuras ne cessent de tirer chacun de leur côté sur la corde divine, entretenant la division entre ce qui en nous résiste au changement et ce qui voudrait inscrire d’autres potentiels et d’autres moyens de réalisation dans notre histoire.

Energies et astrologie

On peut en conclure qu’il existe beaucoup plus d’énergie et plus de potentiels d’évolution dans la zone Nord que dans la zone Sud. Mais ce n’est pas toujours aussi évident. On peut trouver au Sud du thème autant de talents et de courage que de difficultés comportementales. Cependant, une simple lecture de projet de vie centrée sur les nœuds lunaires ne suffit pas à définir s’il existe une transmission de ces talents par le biais d’aspects évoluant du Sud au Nord, ou si dans cette dernière zone, les projets de transformations l’emportent sur les tendances du passé.

En fait, les transits des nœuds n’arrêtent pas d’échanger des informations sur l’axe. Notre esprit a besoin de cette alternance d’expériences nouvelles dans la zone Nord, puis de réflexion sur ces expériences et de leur intégration dans notre comportement dans la zone Sud. Cependant, ces dernières ne deviendront évolutives que si, après en avoir compris le sens, nous sommes capables de nous libérer du désir de les renouveler.

C’est donc l’intérêt des nœuds lunaires que d’axer notre attention sur ce que nous pouvons construire de plus positif dans notre vie sur la base des « terrains d’action » soulignés par la présence du nœud Nord en maisons. C’est pourquoi n’importe quel chemin apparemment détourné de ce fil conducteur, finit par le rejoindre et enrichir les expériences nécessaires à sa réalisation.

Cela ne détermine en rien les réponses que nous serions « obligés » de donner pour mériter quoi que ce soit. Personne n’est là pour nous faire passer un « examen de conscience » et pas davantage pour nous forcer à en tirer des conclusions définies par avance. Tout dépend non seulement de notre niveau de compréhension (déterminé en partie par nos inscriptions astrales) mais également de notre implication dans la recherche de connaissance de soi.

Ce qui est certain, c’est que tout nous incline à réaliser notre projet de vie, aussi bien sur le plan des comportements et des modes de pensée qui s’y rattachent que sur le plan personnel ou social dans leurs territoires d’expression : les maisons.

Ces projets, même s’ils disposent de nombreuses variantes, ne figurent pas en nombre illimité dans les thèmes de naissance. Il n’existe en fait que 12 projets fondamentaux accordés sur la progression du Nœud Nord dans un signe, à raison de un an et demi en moyenne.

C’est ainsi que viennent au monde régulièrement des mini-générations d’individus ayant en commun le même projet directeur de vie. Ce dernier se décline ensuite selon le lieu d’expression prioritaire dans lequel il doit se développer : la maison natale où figure le nœud Nord, celle où il va prendre sa coloration particulière en fonction de l’une des 144 configurations possibles.

Les régents karmiques

Les planètes, en elles-mêmes, représentent des énergies fondamentales constitutives de l’univers et des fonctions de l’être (physiques, sensorielles, psychiques). Elles se manifestent également à l’état d’énergies archétypales, induisant mentalement des types de comportements susceptibles d’évoluer, selon leur qualité de vibrations, en niveaux plus ou moins élevés de conscience.

Chaque planète dispose de son propre registre en la matière et de modes spécifiques de réalisation. Plus l’énergie planétaire est claire, plus elle rayonne en elle-même en tant qu’énergie spirituelle non identifiée, c’est-à-dire libérée des tendances personnelles sur la base desquelles nous construisons notre image de soi et du monde sur laquelle repose l’ensemble de nos comportements.

Il existe sept Sagesses au même titre que les planètes du septénaire et cinq empêchements majeurs (les facteurs de blocage de l’énergie planétaire) complétés par de multiples sous-divisions considérées comme des empêchements mineurs. Cependant, leur ordre de croissance dans la hiérarchie des vertus et des sagesses n’est pas accordé directement sur leur ordre de succession dans l’espace, mais sur une échelle de dix degrés de Sagesses (la voie des Bhumas), qui par évolutions successives conduisent à la réalisation suprême : ce que les bouddhistes appellent la Libération.

Dans le contexte géocentrique, donc polarisé énergétiquement, dans lequel nous vivons, la même énergie peut être considérée sous l’angle d’une vertu archétypale ou bien sous celui d’un empêchement à la réalisation de sa Sagesse. Tout dépend de l’orientation d’esprit de la personne au moment de la naissance.

Hiérarchie des régents

Sur le plan de l’équilibre psychique

Au plus bas de « l’échelle qui conduit aux cieux » Saturne et Vénus (ou inversement selon les différentes écoles) représentent :

Pour Saturne, l’équilibre mental, la moralité et l’éthique personnelle. Pour Vénus, la maîtrise de la pensée qui conduit à développer le sens du Don sans attente et sans contrepartie.

La compréhension de la Loi (le Dharma) qui en découle active à son tour la sagesse de Jupiter, le Détachement (du résultat des actes) et la vertu de la Patience.

Dès lors, il devient possible de méditer sur le désir et sur le Karma et Mars conduit à la Vision juste, la Connaissance des choses telles qu’elles sont. A la dernière étape s’éveille la capacité de méditer (Lune) pour accéder à des dimensions plus subtiles rendues habituellement inaccessibles par les vagues des réactions émotionnelles et des enchaînements de l’activité mentale.

Sur le plan spirituel

Le Soleil, à la sixième étape axe l’attention sur les manifestations de la conscience sensorielle. Vient alors le développement réel de la connaissance de soi que nous pouvons identifier à Uranus. Ce cheminement sur la voie des Sagesses implique ensuite d’exercer son discernement sur la réalité des choses elles-mêmes. Mercure, en huitième position oriente l’esprit sur la recherche de la Vérité, hors de toutes certitudes mentales. Sur le neuvième barreau de l’échelle céleste, Neptune ouvre alors la voie de la Compassion, issue de la compréhension du niveau psychique.

La force solaire

Il existe donc une relation implicite entre Saturne et Neptune, la réflexion se transcendant dans une vision globale de la destinée humaine. Cela permet de comprendre pourquoi, en astrologie tibétaine, Saturne est le maître et le Paramita des Poissons. La méditation devient alors infinie : elle ne s’attache plus aux objets.

A ce stade, également, Vénus est transcendée en énergie de Lumière (son énergie primordiale), et la voie de la Bhakti, de l’Amour, est réalisée.

L’énergie étant unifiée, la personne vit dans l’acceptation du réel, sans questionnement et sans risque d’errance dans les sphères du pouvoir plutonien. A terme, c’est Shiva, l’énergie de la mort et de la mutation (physique, psychique) qui décidera du sort de cette recherche et la capacité de l’esprit de s’ouvrir à la dimension de l’Éveil.

Rôles des régents dans notre vie

Le régent Nord, maître du signe où figure le nœud Nord, peut dans ce contexte être considéré comme l’énergie la plus active du thème dans la mesure où elle est associée à la ligne directrice de notre projet de vie. C’est pourquoi on peut le considérer comme notre « maître de vie ». Comme un « assistant personnel » il nous porte à élever le niveau de sa vibration psychique puis spirituelle, et à expérimenter toutes les formes des manifestations de son énergie.

Son terrain d’activité naturelle est la maison où il figure à la naissance et le demeurera même si par direction le nœud Nord change de signe. Notre sphère d’expérience s’enrichira simplement d’un régent secondaire, qui ne peut supplanter par son influence celle de la planète qui dirigeait notre projet à la naissance.

C’est donc sur ce terrain manifesté, que nous avons le plus de chance de comprendre à quoi servent les nœuds lunaires et les moyens dont ils nous dotent pour découvrir notre meilleur pôle d’équilibre, et construire les bases tangibles de notre évolution personnelle et spirituelle.

Le régent Sud, pour sa part, représente la forme d’esprit dominante, associée à des tendances qui figurent à l’origine de notre projet de vie. On peut donc considérer son contenu comme un ensemble de résurgences mémorielles du passé, même s’il est souvent difficile, voire impossible d’en définir l’origine.

Cependant, chacun d’entre nous est venu au monde avec une hérédité et des ressources de base qui figurent à l’origine de ses comportements, et qu’il adopte spontanément comme lui appartenant. Le questionnement éventuel sur ce sujet ne surgit que dans un second temps, en cas de conflits ou de volonté de se démarquer de ces tendances. Ce qui est totalement vain, puisque l’esprit s’orientera spontanément vers l’une des autres acceptations possibles du projet ou inversera son intérêt en direction opposée, c’est-à-dire vers le contenu du nœud Sud. Le déjà vu, déjà connu.

Combat divin

Ce processus est évolutif en soi : une fois les tendances innées activées par le contact avec le milieu extérieur, l’esprit s’oriente vers la direction du projet Nord. L’époque où ce dernier deviendra conscient dépend des circonstances qui lui sont nécessaires pour se manifester. Il n’en est pas moins actif tout au long des âges de notre vie.

Cependant, la puissance d’action du régent Nord dépend en grande partie de nos aspirations personnelles, qui peuvent devenir évolutives dans le temps. Tout est donc possible, d’une forte orientation du désir dans la direction de sa Sagesse (unifiée donc universelle et prenant une majuscule), à un mixage d’attirance pour une sagesse tempérée par nos désirs et nos attachements, ou un empêchement fortement structuré du fait d’un trop grand accaparement de son énergie au profit de nos objectifs personnels.

En outre, le processus est cyclique sans qu’il soit nécessairement régressif dans la mesure où il nous permet d’explorer tour à tour notre partie d’ombre et notre partie de lumière. On notera cependant, d’après ce qui précède que le rôle des anges et des démons est inversé par rapport aux traditions judéo-chrétiennes. L’ange joue plutôt le rôle régressif, et le démon le rôle évolutif. Mais alterner deux tendances à tour de rôle, ne change pas grand-chose à notre vécu. L’important est de s’orienter clairement vers la voie de la Sagesse qui nous concerne : celle du nœud Nord ou éventuellement du nœud Sud lorsque le régent de ce dernier est associé en aspect au nœud Nord, dans la zone Nord exclusivement.

Aucun résultat n’est programmé de l’extérieur : chacun en fera ce qu’il pourra avec ce qu’il veut ou croît être, et l’orientation de ses propres aspirations.

Aspects des régents aux nœuds lunaires

Nombre de personnes disposent dans leur thème de naissance d’une forme de « karma secondaire », venant en renfort des lignes dominantes de leur projet de vie. Ce dernier est manifesté par une relation angulaire particulière du régent Sud ou Nord à l’un des nœuds lunaires.

Rappelons que le Karma n’est ni négatif ni positif : c’est juste le résultat des actes. Nous n’avons donc pas à en qualifier les effets en fonction de nos propres attentes ou jugements, attirances ou répulsions.

Il existe ainsi des indices karmiques harmoniques, soulignant le bon niveau d’énergie du régent (conjonctions à moins de 10°, sextiles), dont la clarté des manifestations favorisera l’émergence de mérites ou de facteurs chances liés à sa propre nature.

Les indices dissonants (variantes de l’octile), associés à Saturne, et signalant la nécessité de dégager l’énergie planétaire des lourdeurs ou de la dispersion dont elle est entachée pour la rendre disponible aux nécessités du projet de vie. Ils découlent des effets de l’ignorance ou de l’obligation de franchir une étape dans le plan de la connaissance de soi.

En fait, le seul aspect d’obligation absolu est le quintile, qui implique de mettre l’énergie du régent Sud ou Nord au service du projet de vie, par le biais du sens du service que nous sommes susceptibles de développer dans cette vie. Le plus souvent, les conditions en sont réunies dès la naissance, comme si notre apprentissage de l’utilité, de la vie au présent, de la compassion éventuellement, devait commencer assez tôt pour que l’esprit s’oriente dans cette direction de vie.

Il en sera de même si le régent Sud figure en aspect au nœud Nord dans la zone de ce dernier, signalant la continuité ou les conséquences d’une ancienne tendance s’exprimant en tant que projet dans le contexte actuel. C’est pourquoi il n’existe pas de différence dans l’analyse des aspects des régents aux nœuds entre tendances innées (aspects au nœud Sud) et acquises (aspects au nœud Nord). Cependant, la clarté de la lecture implique de bien différencier les deux origines : tendances déjà développées ou tendances à développer ou perfectionner dans cette vie.

Origine des aspects des régents

Sur le plan de leur action proprement dite, plus les régents sont proches d’un des deux nœuds lunaires, plus ils ont force d’action dans le niveau de conscience ou le type de comportement qui va colorer de façon spécifique les manifestations du projet de vie.

On comprendra donc que les très petits aspects, qui se succèdent parfois à un degré, doivent être interprétés sans orbe. Ils agissent « en soi », comme des facultés, des dons ou des Sagesses qu’il nul n’est supposé s’approprier.

En outre, et dans la mesure où il ne peut exister aucun aspect à l’un des nœuds supérieur au carré, certains aspects sont analogiques à leurs multiples dans le contexte global du zodiaque. Un demi-décile vaut à la fois sa propre valeur en tant que qualité psychique mais ses moyens de réalisation peuvent être accordés sur ceux du quintile (pouvoir ou réussite sous réserve de service). Il en va de même pour un demi-carré (inhibition des décisions) dont nombre de manifestations sont équivalentes à celle d’un carré dissonant (blocage ou transformation).

Seul le carré indiquera une position d’équilibre à trouver entre le Sud et le Nord, et une étape à franchir pour orienter les effets du projet de vie dans un sens ou dans un autre. C’est donc l’aspect majeur de transformation que l’on puisse trouver dans un thème de naissance.

Chaque relation angulaire est elle-même gouvernée par l’une des planètes du septénaire, auxquelles il est possible d’ajouter les trois planètes transsaturniennes. En Astrologie d’Evolution, leur hiérarchie dans l’ordre d’accession à un bon équilibre psychique, puis spirituel, a été établie en référence à l’échelle des dix « Bhumas », les dix voies ascendantes de la Sagesse, telles qu’elles sont définies dans le bouddhisme tibétain.

Cette référence aux Bhumas me paraît intéressante, dans la mesure où elle signale une démarche continue et universelle vers l’accession à la Sagesse (à dix types de sagesses en fait), sans référence à un quelconque objectif extérieur à soi et totalement indépendante du positionnement social ou affectif de la personne.

Sagesse

Elle ouvre, également, des perspectives sur le plan de notre évolution dans les méandres de nos expériences personnelles. Il apparaît que chacun aspire à la réalisation de son régent, et que ces derniers en aspect aux nœuds lunaires ont une force de réalisation exemplaire. Mais ils possèdent leurs ombres aussi bien que leurs lumières. Et les tâtonnements, les chutes, les retours en arrière sont tout autant inévitables que les « révélations spontanées » qui peuvent survenir en cours de l’expérience de la vie.

Certains projets sont d’ailleurs très ambitieux, comme si la personne aspirant à une certaine dimension intérieure avait sauté des étapes dans le cheminement nécessaire pour y parvenir. La rétrogradation marque souvent cet état de fait : il faut revenir en arrière, reconquérir le territoire que l’on avait cru trop vite gagné, réviser les bases mentales et psychiques, avant de tirer des conclusions souvent tardives plus conformes au Paramita de la planète.

Ces aspects, apparaissent donc plus porteurs de véritable évolution, plus libres et plus vastes dans leurs voies de réalisation, que les régents eux-mêmes, souvent fortement marqués par les implications quotidienne du projet de vie.

Le cycle des nœuds lunaires

Le dragon du zodiaque

Pendant longtemps, les astrologues n’ont pris en compte que l’axe des nœuds lunaires en lui-même sans distinguer clairement les rôles respectifs des zones Sud et Nord sur le plan des tendances latentes. Cependant, beaucoup d’astrologues karmiques considèrent aujourd’hui qu’en complétant la représentation du dragon (en le dotant d’ailes et d’un ventre), on obtient une configuration compatible avec l’importance accordée traditionnellement aux positions astrales figurant en carré aux nœuds lunaires.

Au premier carré ascendant à partir du nœud Nord figurent les ailes déployées, tandis que le ventre se situe au carré qui se forme entre nœud Sud et nœud Nord. La zone Nord s’étend du ventre aux ailes du dragon, la zone Sud des ailes au ventre, dans le sens du zodiaque.

Le cycle des nœuds lunaires se déroule dès lors en deux phases aux effets distincts mais complémentaires : D’une part, les nœuds lunaires évoluent sur leurs axes en parcourant en sens rétrograde l’ensemble du zodiaque sur un rythme moyen de l9 années. Leurs progressions épousent donc la direction du Soleil dans son propre plan. En ce sens, on peut considérer qu’ils nous indiquent un chemin de vie axé sur la réalité objective et la conscience spirituelle.

D’autre part, les planètes parcourent la configuration ainsi formée, dans le sens direct du zodiaque, celui engendré par la perspective géocentrique. Leur contenu relève donc de notre vision du monde, à partir d’un point d’observation terrestre (le lieu de naissance). Cette vision est nécessairement subjective, mais qui n’en constitue pas moins la base sur laquelle nous construisons nos projets.

Le dragon du zodiaque

LE CYCLE DE DIX-NEUF ANS

Comme les planètes, les nœuds lunaires possèdent leur cycle propre accordé sur leur rythme de progression qui est le même que le cycle dit du Saros, celui des éclipses.

Ce cycle sans fin s’étend sur une période de 18 à 19 ans, au rythme moyen e de 3 minutes 20 secondes d’angle par jour donc de 20 jours pour une progression de 1° de l’axe dans le cercle du zodiaque. En adoptant le nœud traditionnel, toujours rétrograde, on considère ainsi que les nœuds sont accordés sur la véritable direction du Soleil (donc de la Conscience ou de l’Esprit pur) dans son propre cycle multimillénaire : près de 30 000 ans.

Ainsi se produit une alternance des conjonctions nœud Nord-Sud et inversement tous les neuf ans et demi (en moyenne). Cette dernière permet aux nouvelles conclusions tirées des expériences développées avec l’énergie du nœud Nord de s’inscrire dans le conservatoire des tendances latentes du nœud Sud.

Dans le même temps, les certitudes contenues dans le nœud Sud viennent tempérer et réguler le contenu du nœud Nord comme pour rappeler que l’équilibre mental et psychique résulte d’une bonne compensation entre tendances du passé, et forces d’action du présent.

Tous les dix-huit ans environ l’axe des nœuds revient sur la position qu’il occupait à la naissance. Vous en vérifierez la date exacte dans les éphémérides.

A ce moment-là, se produit la synthèse du cycle écoulé et le désir de développer de nouvelles valeurs du nœud Nord. Celles du cycle précédent ne sont plus perçues comme suffisantes sur le plan de l’évolution psychologique et la personne aspire au changement.

a) Premier cycle : de 0 à 18 ans

Au fur et à mesure que les nœuds Nord et Sud transitent sur les planètes du thème natal, le contenu de ces dernières, relatif au projet de vie, se révèle tant sur le plan physique (situations, événements marquants) que psychologique, donc réactionnel. Même s’il n’a pas conscience encore de l’importance de ce phénomène, l’esprit de l’enfant, puis de l’adolescent, s’oriente vers le projet directeur de vie en intégrant les expériences nécessaires à sa réalisation, les réactions et les comportements associés.

b) Deuxième cycle : de 19 à 36 ans

La personne définit ses rapports aux autres en fonction des conclusions et/ou prises de conscience du premier cycle. Commence alors la phase affective et d’intégration sociale des nœuds lunaires qui servira à son tour de base pour les conclusions philosophiques et vitales du troisième cycle.

C’est également durant cette période que le natif manifeste sa volonté de se prolonger lui-même sous forme de pulsions à donner la vie aussi bien qu’à s’exprimer à travers un engagement social aligné sur les modes de réalisation favorisés par la position du nœud Nord.

Le vécu quotidien, la réponse individuelle aux sollicitations des autres et du monde devrait donc dans l’idéal permettre à l’ego de se consolider tout en dégageant des voies de réflexion sur le sens de l’existence, du destin ou du Karma. L’important est que la personne progresse dans la compréhension de sa destinée et prépare par la satisfaction des besoins physiques, psychologiques et sensuels le terrain nécessaire aux perspectives d’élargissement de conscience du troisième cycle.

Cet objectif était vraisemblablement plus évident à réaliser dans le passé, que dans les sociétés actuelles axées sur la promotion de l’image sociale et l’acquisition de biens matériels.

c) Troisième cycle : de 37 à 54 ans

Durant cette phase, le niveau d’expérience du projet de vie devrait être suffisant pour permettre de s’orienter délibérément dans sa direction et mettre en œuvre les corrections comportementales et relationnelles nécessaires pour en permettre l’accomplissement conscient. Le projet devient alors un guide, un compagnon de tous les jours, quel que soit sa destination dans le domaine mondain.

Ainsi la personne définit plus objectivement ses moyens d’action et ses propres objectifs dans le cadre de sa participation sociale aussi bien qu’elle peut, si le projet doit évoluer dans cette direction, fixer de nouvelles valeurs éthiques ou philosophiques et s’appuyer sur ces dernières pour réorienter le cours de son existence. La réflexion s’oriente donc de préférence sur les images de soi, l’autonomie de décision et la fixation des implications et des responsabilités dans lesquelles on aspire à s’investir.

Si cette étape du projet correspond encore le plus souvent aux comportements sociaux dominants de l’âge adulte, la compréhension qu’elle implique sur le plan psychique et spirituel semble s’être reportée sur le quatrième cycle, au fur et à mesure de l’allongement de la durée de vie.

d) Quatrième cycle : de 55 à 72 ans

Vient l’heure de restituer à la collectivité les conclusions dégagées sur l’expérience des trois premiers cycles. Chacun propose ce qu’il a été capable de comprendre et reçoit en retour le niveau de reconnaissance et d’écoute correspondant à la valeur réelle de sa transmission.

Dans les sociétés traditionnelles, c’était l’âge où les Anciens, qui n’étaient plus supposés avoir à construire le monde, s’attachaient à communiquer à leurs descendants les voies ancestrales de la sagesse et la mémoire des peuples dont ils étaient issus.

Il est évident qu’aujourd’hui, et à l’exception des courants religieux ou philosophiques qui peuvent encore en prolonger la tradition, cette transmission ne s’exprime plus guère dans ses formes ancestrales. Dans les pays développés en particulier, et sous réserve que les trois cycles précédents aient conduit à l’autonomie nécessaire pour accéder à un authentique sentiment d’existence personnelle, cette première étape de détachement passe plutôt par les voies de la connaissance de soi, de l’activité collective et en particulier du bénévolat.

e) Cinquième cycle : de 73 à 90 ans

La richesse psychique de cette période dépend essentiellement de la façon dont ont été assumés les quatre cycles précédents. La personne n’est plus sensée avoir besoin de reconnaissance extérieure et l’essentiel est de développer la faculté du détachement et de la compassion.

Se voir tel que l’on est, accepter les choses telles qu’elles sont, reconnaître les vraies raisons de ses choix, ne pas consigner son énergie à multiplier les jugements sur soi-même, les autres ou le monde au nom d’un besoin de pouvoir inassouvi… tout ceci constitue le challenge d’un projet de vie abouti.

Chacun, selon ses possibilités, tirera les conclusions de son existence, et le mieux pour terminer en beauté le dernier cycle des nœuds lunaires serait de reconnaître comme essentielles les valeurs du cœur et de l’esprit.

Il est donc important de ne pas remettre à plus tard ses projets, au risque de les retrouver tapis dans l’ombre, bloquant nos moyens de réalisation, et notre épanouissement personnel, que ce soit dans cette vie ou dans une hypothétique vie future.

Dans la perspective karmique, en effet, tout ce à quoi l’on n’a pas renoncé vient s’ajouter au bagage des tendances latentes sous forme de Vasanas, de vœux et d’orientation vers des choix spécifiques qui forgeront la trame d’un nouveau projet de vie. Tout se passe alors comme si nous transmettions nos rêves et nos attentes à un héritier, au risque pour ce dernier de se retrouver empêtré dans un projet décalé parce que trop marqué par le contexte d’une époque, et dont il éprouvera les plus grandes difficultés à démêler les fils d’origine inconnue.

Planètes dirigeant le cycle en cours

En résumé, si l’on devait associer les planètes aux différentes étapes des cycles successifs des nœuds lunaires, je proposerais les suivantes : Cycle 1 : Lune-Soleil-Mercure (être vital spontané), apprentissage psychosocial, développement de la conscience des connaissances. Cycle 2 : Vénus-Mars-Jupiter (être psychique et social), développement des tendances affectives et relationnelles, positionnement du rôle que l’on entend jouer dans sa vie et celle des autres. Cycle 3 : Saturne-Uranus (être mental et ego), affirmation personnelle, développement des philosophies personnelles sur la base des tendances acquises. Connaissance de soi. Cycle 4 : Uranus-Neptune (restitution-formulation), communication sociale, transcendance des intérêts personnels au profit du collectif ou de la communauté d’appartenance. Ou accroissement du désir de reconnaissance non satisfait, cristallisation des images de soi, formant la base des futures tendances latentes.br /> Cycle 5 : Neptune-Pluton (détachement, transformation, mort), renonciation aux attentes, comportement juste, sourire, accueil, compréhension et compassion.

Ou incapacité de détachement, regrets, et formulation des futurs projets de vie issus de l’ignorance.

Actualité et interview d’Irène Andrieu :

A2L : Bonjour Irène, Comme vous le savez, le débat au sujet de l’informatisation et de la « mécanisation » de l’astrologie agite bien des esprits au sein de notre communauté.

J’ai tout donc d’abord envie de vous demander, en rapport direct avec votre actualité, comment vous est venu le désir de créer un logiciel ? Pourquoi le faire, dans quel but et quelles recommandations voudriez-vous adresser aux futurs utilisateurs ?

J’avais envie d’actualiser mon interprétation des nœuds lunaires, en les traduisant en termes de vécu au quotidien, tels qu’ils s’expriment naturellement dans les choix de la majorité de mes clients.

Mon premier ouvrage sur le sujet, aujourd’hui épuisé, ne correspondait plus à mon expérience actuelle. Ainsi, j’ai exclu tout concept de vies antérieures pour favoriser celui de tendances innées figurant à l’origine de la construction de la personnalité. Pour moi, il existe aucune obligation ou épreuve, mais seulement des choix de vie.

Je conseille donc aux utilisateurs d’utiliser ce texte comme un outil pour positiver sa vie, mieux en comprendre le sens, et de n’y voir aucune condamnation susceptible de les priver de leur libre-arbitre. C’est sur ce plan particulièrement que j’ai basé les conseils associés à chaque position des nœuds et des régents.

Ce logiciel m’a été commandé par Auréas, dans le cadre de sa publication informatisée d’interprétations d’astrologues reconnus par l’ensemble de la profession comme des spécialistes dans leur domaine.

C’est donc un texte de niveau professionnel qui peut satisfaire aussi bien un praticien que des amateurs, car tous les calculs nécessaires au montage des thèmes et aux autres outils de mon école sont intégrés dans le CD.

A2L: Etant devenue une des spécialistes incontestées de l’astrologie karmique et évolutive, peut-on en savoir un peu plus sur votre parcours personnel, quels sont pour vous les pré-requis indispensables pour pouvoir pratiquer intelligemment et, par suite, quels ont été vos propres guide, vos maîtres à penser ?

Mon premier maître à penser a été Krishnamurti. Ma rencontre avec lui à 22 ans a été une révélation sur le plan de ma direction de vie. Par ailleurs, c’est Nelly Kauffmann, qui m’a transmis l’enseignement d’Aryadéva, dont j’ai tiré les bases de l’Astrologie d’Evolution. Dans un second temps, j’ai découvert beaucoup de choses sur la réalité des fonctionnements mentaux et des états subtils de conscience à travers le lying (initié par le maître védantique Prajnanpad), et le « mind clearing » que j’ai pratiqué en France avec Jacques de Panafieu.

A2L : Pour finir, quel conseil donneriez-vous aux étudiants novices et quel constat feriez-vous sur l’astrologie française à l’heure actuelle ?

L’un des conseils d’Aryadéva m’a toujours servi de guide : après avoir trouvé sa voie, foncer dessus comme un aigle sur sa proie. Car la dispersion intellectuelle est la pire chose pour parvenir à un bon résultat. De mon point de vue, aller d’enseignant en enseignant, courir plusieurs lièvres à la fois, croire qu’il faut tout savoir (et quoi ?) avant de se mettre à pratiquer est la meilleure façon de ne parvenir à rien.

Je pense qu’il existe très peu de cohérence entre les différents courants astrologiques en France. C’est donc à chacun de découvrir l’approche correspondant à son propre état d’esprit, et de s’y consacrer sérieusement.

Irène Andrieu

Tous droits réservés Irène Andrieu

Reproduction totale ou partielle interdite sans autorisation écrite de l’auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *